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Les espèces «invasives» apportent aussi du bon

Les espèces non indigènes présentent aussi des avantages pour l’écosystème, selon une récente étude.
Environnement

Des espèces non indigènes peuvent être «invasives» tout en étant bénéfiques à leur nouvel écosystème. Si les agents pathogènes et les parasites agricoles introduits n’ont pas encore donné la preuve de leur apport positif, il en va tout autrement, par exemple, pour certains vers de terre venus de l’étranger et qui participent à l’amélioration des processus à l’œuvre dans l’agriculture biologique.

C’est ce que démontre une étude parue le 6 octobre 2022 dans la revue Trends in Ecology and Evolution et à laquelle a participé Martin Schlaepfer, chargé de cours à l’Institut des sciences de l’environnement de l’université de Genève.

Ce papier tente de rééquilibrer un débat presque exclusivement focalisé sur les conséquences négatives des espèces non indigènes alors que les impacts positifs, loin d’être des surprises fortuites, sont communs, importants et souvent de grande ampleur, comme l’illustrent la plupart des espèces domestiquées – le blé, les tomates, le coton, la laine, les chiens ou encore le bétail.

Les chercheurs ont emprunté et appliqué aux espèces non indigènes un cadre développé par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui évalue les avantages de la biodiversité pour les êtres humains et la nature. L’idée consiste à comparer de manière constructive les avantages et les inconvénients de ces espèces et de réaliser des analyses de type «coûts-bénéfices» utiles pour la prise de décisions politiques.

L’examen a été axé sur les espèces dites sauvages ou naturalisées [réussissant à se reproduire naturellement dans leur nouvel environnement]. Il en ressort que des vers de terre (Lumbricus terrestris) importés aux Etats-Unis peuvent modifier de manière négative les écosystèmes forestiers, mais sont aussi responsables d’une amélioration de 25% de la productivité de l’agriculture biologique. La truite (Salmo trutta), pourtant non indigène en Nouvelle-Zélande, y est actuellement protégée tant elle est appréciée pour ses qualités nutritionnelles et les avantages récréatifs liés à sa pêche. Quant aux moules zébrées (Dreissena polymorpha), introduites dans les lacs suisses et menaçant la survie d’espèces locales, elles augmentent la clarté de l’eau même si elles altèrent les nutriments disponibles.

Campus est un magazine de l’université de Genève. Article paru dans le no 151, décembre 2022.

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