Édito

Pour une alliance de raison

Pour une alliance de raison
KEYSTONE
Elections cantonales 

Rarement, les élections cantonales genevoises auront été si ouvertes. A droite, les listes se multiplient – pas moins de huit, dont deux comportent d’anciens conseillers d’Etat en tête de gondole – mais sans alliance entre elles. Signe d’une fébrilité certaine, les changements de parti ont été nombreux ces derniers mois, par opportunisme ou désenchantement.

Une aubaine pour la gauche? Pour le Parti socialiste et les Vert·es, assurément. Eux qui ont eu l’intelligence de partir soudés et de lancer tôt leur campagne. Malgré quelques divergences et le bilan mitigé de l’actuelle majorité gouvernementale, la gauche modérée pourrait bien tirer son épingle du jeu.

On ne peut pas en dire autant de la gauche de la gauche, une nouvelle fois divisée, quoique dans une configuration inédite. Les députés de Résistons, soit la frange la plus «institutionnelle» de l’extrême gauche, réclament aujourd’hui une union de façade, le temps des élections, après avoir claqué la porte de leur ancienne formation, Solidarités.

Une stratégie opportuniste, sans doute. Mais efficace. La gauche dite radicale a connu deux pénibles traversées du désert, en 2005 et 2009, faute d’avoir atteint le quorum de 7% permettant de siéger au bout du lac. En cas de nouvelle éjection du Grand Conseil, sans véritable financement, au bénéfice d’une visibilité réduite, lui restera, pour exister, le seul activisme bénévole de ses membres sur le terrain, via des manifestations ou le lancement d’initiatives et de référendums.

Au parlement, la disparition d’Ensemble à gauche serait incontestablement une perte. A travers ses prises de position, la coalition constitue l’aiguillon salutaire de l’Alternative rose-rouge-vert. Rien que sur le dernier budget, les mécanismes salariaux dus aux fonctionnaires, la création de nouveaux postes et les prestations essentielles à la population n’auraient pas été votés en son absence.

Sa division paraît d’autant moins compréhensible aux yeux du peuple de gauche qu’elle se situe marginalement sur le terrain des idées. Vu de l’intérieur, en revanche, il semble évident que l’union exigerait des efforts conséquents. Solidarités et le Parti du travail ont de bonnes raisons de refuser une alliance de circonstance, mais l’intérêt général, la défense des classes populaires ou encore la lutte pour la justice climatique leur commandent toutefois de former une liste commune. Sachant qu’en partant séparément, ils n’ont aucune chance d’obtenir le quorum.

Opinions Édito Christiane Pasteur Elections cantonales 

Dossier Complet

Elections cantonales genevoises des 2 et 30 avril 2023

mercredi 15 mars 2023
La population genevoise renouvelle ses organes exécutif et législatif en avril prochain. Des candidat·es au Conseil d'Etat sortent du bois et les partis s'organisent.

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