Édito

Le poids du passé

Le poids du passé
Les développements urbains à venir devront impérativement être pensés comme des entités les plus autosuffisantes possibles. (Image: le futur quartier du Rolliet aux Cherpines). ÉTAT DE GENÈVE
Genève

A l’heure de l’urgence climatique, le futur doit être pensé pour être le moins énergivore et polluant possible. Une gageure quand le territoire sur lequel nous vivons et les modes de déplacement qu’il induit sont hérités du passé.

Ainsi, si la ville et les centres permettent aux habitant·es de limiter l’usage des transports individuels motorisés par la proximité des facilités du quotidien, il n’en va pas de même partout. A commencer par les zones résidentielles, dont une partie de zones villas.

Selon une étude, à Genève, ces espaces sont étendus et accueillent une part importante de la population (15%) tout en constituant un désert de services. Pas de boulangerie, de pharmacie, de crèche ou de médecin. Pour se procurer les biens et services nécessaires à la vie quotidienne, il faut donc en sortir. Faute de desserte en transports publics performante, cela se fait essentiellement en voiture ou en deux-roues motorisés.

A juste titre, cette problématique est considérée comme un enjeu crucial. S’il est acté que le modèle de la villa individuelle ou mitoyenne ne grignotera plus de futures zones déclassées, il reste nécessaire de réfléchir à l’avenir de ces périmètres. Il s’agira de se montrer créatif afin de diminuer le recours à la voiture en proposant des facilités à proximité.

Quant aux développements urbains à venir, ils devront impérativement être pensés comme des entités les plus autosuffisantes possibles. Il est primordial que les quartiers excentrés proposent des biens et des services usuels en leur sein ou à distance raisonnable pour qui veut se déplacer à pied ou à vélo. A défaut, les habitant·es continueront d’utiliser des modes de déplacement polluants.

Pour autant, les Genevois·es, échaudé·es par de précédents ratages urbanistiques, ne sont pas prêt·es à avaler n’importe quel projet au motif qu’il faut atteindre la neutralité carbone. Il faudra les convaincre avec des propositions innovantes et surtout agréables à vivre.

Celles et ceux qui habitent dans les centres urbains devront aussi être choyé·es. Il n’est pas admissible de monnayer facilités du quotidien contre la qualité de vie. Les quartiers les plus denses doivent impérativement être repensés pour redevenir des lieux dans lesquels il fait bon vivre. Si les autorités n’y parviennent pas, elles feront, encore et toujours, face à la grogne et aux oppositions légitimes des défenseurs du patrimoine, des arbres et du bon vivre.

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