M le Maudet
Le retour d’un peu de bon sens. Le Tribunal fédéral (TF) a tranché hier: le voyage de Pierre Maudet, accompagné de sa famille et de son chef de cabinet à Abu Dhabi, constitue bien un avantage indu. Il a annulé le jugement prononcé en décembre 2021 par la Chambre pénale d’appel et de révision de la Cour de justice genevoise qui avait alors acquitté, de façon un peu incompréhensible, le magistrat.
En l’occurrence, le TF estime au contraire que le comportement de Pierre Maudet, qui avait accepté ce cadeau d’une valeur, au bas mot, de 50 000 francs, est en soit punissable. Rappelons que les règles non écrites du Conseil d’Etat autorisent un modeste présent, c’est-à-dire d’une valeur de moins de 150 francs. On en était un peu loin.
Cette condamnation – l’affaire retourne en dernière instance cantonale, mais la marge de l’autorité judiciaire consistera uniquement à fixer la peine – tombe évidemment à un mauvais moment pour Pierre Maudet. Ce dernier s’est de nouveau lancé dans la course au Conseil d’Etat.
Rien ne l’empêchera de se présenter. Le fait qu’il soit désormais coupable d’acceptation d’un avantage indu – un article faisant partie d’un dispositif visant à éviter la corruption de nos élus – ne le rend pas inéligible. Et c’est heureux: c’est bien au peuple qu’il appartient ou non de sanctionner un comportement préjudiciable au bon fonctionnement du Conseil d’Etat.
Car, en imaginant le pire, que l’ex-wonderboy de la politique genevoise réussisse une remontada, comment penser un seul instant qu’il pourra collaborer avec ses six collègues? Quelle confiance pourront-ils et elles accorder à une personne qui a fauté de la sorte?
En cela, l’obstination de Pierre Maudet à vouloir à tout prix revenir en politique est incompréhensible et, pour aller un pas plus loin, est à même de susciter un fort rejet.