On nous écrit

Pour ne pas oublier les leçons du passé

Eric Monnier relate l’hommage rendu en octobre à la résistante Noëlla Rouget.
Genève

GLe 13 octobre dernier, à l’initiative du consul général de France à Genève, Patrick Lachaussée, et de l’association Mémoires, un hommage solennel a été rendu à Noëlla Rouget, résistante et déportée française, devenue genevoise en 1947. Les médias suisses romands ne se sont guère fait l’écho de cette cérémonie, à l’exception du 19h30de la RTS et il a fallu franchir la frontière pour trouver des articles dans Le Dauphiné libéré et la presse de Saumur.

Après une célébration interreligieuse en l’église Sainte-Thérèse, un recueillement au cimetière des Rois, où Noëlla repose, le point d’orgue de la manifestation a été le dévoilement d’une plaque commémorative, au pied du Monument aux morts du consulat de France. A 18h30, les autorités genevoises, diplomatiques et consulaires sont arrivées en cortège, conduites par la musique des Vieux Grenadiers et les porte-drapeaux. Après les mots de bienvenue de Patrick Lachaussée et les discours d’Alfonso Gomez, vice-président du Conseil administratif de la Ville de Genève, de Mauro Poggia, président du Conseil d’Etat, et du général Benoît Puga, grand chancelier de la Légion d’honneur, représentant le président de la République, les drapeaux français et suisse entremêlés qui recouvraient la plaque ont été levés. Dominique Louis, maître de cérémonie, en a alors lu le texte: Souviens-toi de Noëlla Rouget 1919-2020, résistante française déportée à Ravensbrück. Depuis Genève, elle ne cessa de défendre ses idées humanistes, invitant sans relâche les jeunes générations à ne pas oublier les leçons du passé.

Présente à la cérémonie, une trentaine de lycéen·nes de Saumur (ville natale de Noëlla) se sont approprié cet appel aux jeunes, gravé dans la pierre. Ces élèves s’étaient auparavant pris de passion pour Noëlla, après que leur professeure Marina Bossard les avait fait travailler sur cette histoire. Ils ont entrepris des démarches pour que la ville de Saumur nomme une de ses rues Noëlla-Rouget, de même pour que leur lycée professionnel (actuellement Carnot-Bertin) en prenne le nom. En attendant que cela aboutisse, ils ont réalisé une remarquable exposition, consacrée à Noëlla, qui leur a valu le prix départemental: «Montrer l’histoire en Anjou 2022».

Arrivé en Suisse le 11 octobre, ce groupe a tenu à se rendre sur les pas de Noëlla à Château-d’œx, où elle était venue en convalescence au chalet La Gumfluh en automne 1945 après sa déportation, et où elle avait rencontré son futur mari, le Genevois André Rouget. Le 13 octobre, avant de rejoindre la célébration interreligieuse pour y chanter Le Chant des Marais, l’hymne des déportés, le groupe s’est rendu au bord du Foron, près de l’une des bornes du chemin mémoriel de Thônex. Ils y ont prélevé une poignée de terre destinée au Mémorial de Châteaubriant (une carrière de Loire-Atlantique où des prisonniers avaient été fusillés par les nazis en 1941). Cette poignée de terre genevoise symbolisera les nombreux passages clandestins de juifs ou de résistants, tout au long de la frontière suisse, pendant la guerre.

Éric Monnier,
cobiographe de Noëlla Rouget

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