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Egalité, le tableau est sombre

Egalité, le tableau est sombre
Des militantes de la grève féministe manifestent en réaction à l'avant-projet de loi fédérale portant sur la révision du droit pénal en matière sexuelle (Genève, 8 mai 2021). KEYSTONE
Égalité

Les observations de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en Suisse montrent l’ampleur du défi. Justice, politique, monde du travail, éducation… dans tous les domaines, des progrès doivent être accomplis. C’est la quatrième fois depuis 2001 que la Suisse passe sur le gril de la commission chargée d’examiner l’application de la Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Si des progrès ont été réalisés, notamment avec la révision de la loi sur l’égalité ou la légalisation du mariage entre personnes du même sexe, ils restent insuffisants et les inégalités sont systémiques.

Côté justice, le comité pointe évidemment du doigt la définition pénale du viol – dont la révision est en cours au parlement – et demande que la Suisse respecte les normes internationales en retenant l’absence de consentement de la victime pour le définir. Fait préoccupant, il relève qu’au sein du système judiciaire, des stéréotypes sexistes bien présents dissuadent les femmes victimes de violence de porter plainte. Le personnel judiciaire doit être formé pour éliminer les biais de la justice sur la représentation des genres. La crédibilité et le poids accordés aux témoignages des femmes doivent être abordés dans ce cadre, préconise encore la Commission. Autre phénomène observé, le taux de condamnation pour viol varie fortement selon les cantons. Une analyse des causes est demandée.

Côté salaires, le comité s’inquiète notamment du fait que la révision de la Loi sur l’égalité – prévoyant un contrôle des salaires – exclut toutes les femmes employées dans des entreprises de moins de 100 personnes. Il relève que les femmes sont sous-représentées dans les postes de  direction et concentrées dans des métiers avec bas salaires. Il demande que les rémunérations soient augmentées dans les métiers typiquement féminins, dont le care, et que l’importance de ces professions pour la société fasse l’objet de programmes de sensibilisation. Il s’agit aussi d’adapter le matériel scolaire, qui contient encore des stéréotypes de genre, tout comme les représentations dans les médias.

Le tableau dressé par l’ONU contient nombre d’éléments connus, qui méritent d’être martelés. Il montre surtout que les mesures prises sont toujours insuffisantes. L’égalité demande une attention de tous les instants, sous peine de se retrouver au-dessous de la pile. Le risque est d’autant plus important en temps de crise. La mobilisation devient essentielle et la prochaine grande grève féministe annoncée pour juin 2023 est là pour nous le rappeler.

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