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Noville: «Et si on évitait de creuser notre tombe?»

Des jeunes représentant·es de la gauche vaudoise réagissent aux velléités d’exploitation des gisements gaziers du Léman à partir de la commune de Noville, qui ont refait surface lors du dernier Grand Conseil vaudois.
Vaud

La surchauffe a été totale cet été. Pour la nature d’une part, mais également pour les brainstormings de la majorité bourgeoise du Grand Conseil qui ont effectué leur rentrée politique avec une idée aussi dangereuse que provenant d’un autre temps: la réactivation du projet d’exploitation des ressources gazières de Noville. De quoi se demander si les énergies fossiles du canton sont dans le sous-sol du bout du lac ou siègent au parlement vaudois.

Le dossier de l’exploitation d’hydrocarbures avait pourtant été rangé au tiroir lorsque le Grand Conseil avait légiféré sur un compromis à l’initiative cantonale des Vert·es contre le gaz de schiste en 2018. Il n’aura pas fallu quatre ans pour que ce compromis, autrefois salué de presque toute part, subisse les attaques d’une droite décomplexée et renforcée par les dernières élections. Avide d’occasions pour développer ses égoïstes placements, aveuglée par des intérêts économiques à court-terme, la droite vaudoise fait une nouvelle fois preuve de son mépris envers la démocratie et notre avenir.

Nous vivons plusieurs crises qui s’accumulent et il serait bon que le camp bourgeois les prenne toutes en compte lorsqu’il imagine ses projets énergétiques. Si la perspective d’une crise de l’énergie dès cet hiver ne fait plaisir à personne, celle de la crise sociale et environnementale en cours est au moins tout aussi terrifiante. En ne considérant qu’une partie de l’équation, les «pétrodéputé·es» inscrivent leurs solutions dans une fuite en avant alors que le mur est déjà en vue.

La crise énergétique qui se profile pour cet hiver ne pourrait d’ailleurs pas être résolue par l’extraction gazière dans le canton. Les prévisions les plus optimistes indiquent qu’il faudrait trois à quatre ans pour débuter une exploitation commerciale du site. L’investissement public dans un tel projet semble donc être une perte importante de ressources qui pourraient servir à réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

La viabilité économique du projet d’exploitation du gaz à Noville avait été démontrée en 2010, mais a-t-elle pris un seul instant en considération ses coûts réels? Un projet de ce type vient renforcer un avenir de désastres successifs que la population vaudoise, et par extension mondiale, ne saurait avoir les moyens de gérer. Le camp bourgeois quant à lui se satisfera d’avoir essoré jusqu’à la dernière goûte les ressources de notre canton pour y récupérer quelques millions de francs.

Les groupes de l’opposition de gauche s’évertuent à plaider pour la seule issue pragmatique et réaliste à ces crises cumulées: la sobriété énergétique, la transformation profonde et durable de nos moyens de consommation, de production et de distribution de l’énergie. Ces pénuries d’énergie à venir constituent un danger, certes, mais également une opportunité de faire mieux, de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de décentraliser les productions en opérant un tournant environnemental fort.

Si le projet de forage à Noville venait à aboutir à un permis de forage, les autorités pourront s’attendre à une résistance farouche de la population et de toute la génération des jeunes pour le climat pour leur avenir qui pourrait aboutir à la création de la seconde ZAD (zone à défendre) du canton de Vaud dans la commune du bout du lac.

Kelmy Martinez, Jeunesse socialiste vaudoise, Bière.

Avec le soutien de Mathilde Marendaz, députée Ensemble à gauche, Yverdon-les-Bains; Loukina Tille, Coordination du traité de non-prolifération des énergies fossiles, Bretigny-sur-Morrens; Hamza de Palma, conseiller communal vert, Morges; Margarida Janeiro, conseillère communale socialiste, Bourg-en-Lavaux.

Opinions Agora Kelmy Martinez Vaud

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