Dette sur l’avenir
La Nagra (Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs) a annoncé lundi que le Lägern (nord du canton de Zurich) était le site idoine pour abriter un futur dépôt de déchets radioactifs à quelque 500 à 800 mètres de profondeur.
Comme il se doit, l’annonce a donné lieu à quelques réticences du côté des riverains. L’Allemagne – on est à quinze kilomètres de la frontière – a aussi fait part de son mécontentement. Et, in fine, le peuple pourrait devoir se prononcer sur la question.
On peut trouver quelque peu péremptoire les affirmations disant «que la géologie a parlé» et que ce site est celui qui serait le plus adapté. Ce qui a surtout caractérisé l’industrie électronucléaire, c’est une série de revirements sur ces questions. Le Lägern avait été écarté dans un premier temps; des considérations politiques semblent aussi avoir pesé. A savoir une contestation antinucléaire moindre dans cette région. La plus peuplée de Suisse…
On gardera aussi à l’esprit que des sites jadis considérés comme sûrs se sont révélés à l’usage moins adaptés qu’annoncé: la mine de sel d’Asse II, en Basse-Saxe, dans la région de Brunswick en Allemagne, en est la triste illustration. Ce dépôt soi-disant étanche, s’est au contraire révélé perméable à l’eau. Et une évacuation est à l’étude.
L’illustration que le nucléaire n’est en rien une réponse au réchauffement climatique. Persister dans cette voie sans issue comme le font l’extrême droite et une partie de la droite économique suisse relève d’une incapacité à construire un avenir durable.
Un des enjeux du combat politique qui s’amorce va consister à conditionner la prise en charge de ces déchets qui, malheureusement, existent et doivent être gérés, à une sortie la plus rapide possible du nucléaire. Et donc, à ne pas alourdir cette dette sur le futur.