La tête dans le sable
Têtue, la Poste m’invite – encore une fois et malgré ma protestation de l’année dernière (ma lettre au Courrier du 10 mars 2021) – à alimenter le moteur publicitaire de la consommation dévastatrice: «Vous décidez quelle publicité vous voulez recevoir» et (ô joie) «Gagnez des bons d’achat!»
Je lis, consterné, les dramatiques prognoses hydrologiques pour l’avenir proche – soit trop, soit trop peu, de précipitations (L’été extrême aura des conséquences, article du 24 août). J’apprends ailleurs qu’on peut désormais traverser la Loire (!) à pied, et que les niveaux du Pô, du Rhin et des réservoirs en Norvège ne font que baisser. L’eau n’est évidemment plus une ressource renouvelable.
L’impact de notre économie productiviste sur la vie sur Terre n’est plus en doute. Mais, la tête dans le sable, les autruches au sein de nos partis politiques majoritaires ne voient pas l’écriture sur le mur. Résistantes aux moindres adaptations (par exemple au 30 km/h dans les villes), elles ne comprennent pas qu’il faut une campagne d’informations, officielle et d’envergure, pour persuader la population (pourtant réceptive, dirais-je) qu’un changement drastique de mode de vie est nécessaire. Elles ne voient pas non plus qu’il faut un fonds de compensation et rééducation et que, pour convaincre, il faut mettre au pas les grands acteurs économiques, qui doivent donner l’exemple, car nos petites actions individuelles de tri et de renonciation sont actuellement anéanties par le «business as usual» des sociétés comme La Poste.
L’année dernière, j’enrageais. Devant cette persistance du géant jaune, je désespère. La situation climatique serait-elle moins urgente que la pandémie récente? Pourtant celle-ci a suscité une coopération inédite entre les secteurs économiques. Ici, je ne vois pas la moindre volonté politique chez nos vrais décideurs pour freiner l’élan destructeur qui nous a mené·es à cette impasse. Qui me contredira?!!
Nigel Lindup,
Versoix (GE)