On nous écrit

Et la souffrance humaine…

Marielle Budry évoque la nécessité de réduire la consommation de viande sous l’angle des conditions de travail.
Alimentation

En tant que vieille végétarienne, c’est avec grand plaisir que j’ai lu plusieurs articles sur la nécessité de manger moins, voire plus du tout de viande. Les raisons d’écologie, d’économie, de santé, de souffrance animale ont été évoquées. Il faut aussi parler de la souffrance des travailleurs et travailleuses, qu’on doit alléger, voire supprimer. Il existe certainement de bons reportages sur les conditions de travail dans les abattoirs et les usines de l’agroalimentaire, mais je vous propose en plus de lire un livre poétique, oui poétique, qui décrit le travail atroce dans les usines à poissons et crustacés et aux abattoirs. Il s’agit de A la ligne-Feuillets d’usine de Joseph Ponthus, éditions de la Table ronde 2019. 

Joseph Ponthus, après de bonnes études en littérature et en travail social, a été prof, journaliste et éducateur dans la région parisienne, puis a rejoint, par amour, la Bretagne, où il ne trouve pas de travail dans ses compétences… Après des mois de chômage, il craque et accepte le seul boulot accessible: intérimaire dans l’agroalimentaire. De cette rude expérience, il a tiré un livre fascinant, écrit comme un long poème, sans ponctuation, faisant jaillir l’humour dans les pires situations. Il est accablé par l’odeur, le froid, les charges lourdes, la monotonie, les horaires de nuit, l’enfermement, la servitude, la souffrance corporelle, mais tient le coup deux ans, grâce à sa culture, aux poèmes et aux chansons qu’il se répète dans les pires situations, aussi parfois grâce à la camaraderie des ouvriers. Mais quand la fraternité s’effrite, c’est vraiment l’enfer.

Ponthus a sorti son livre témoignage en 2019, a gagné plusieurs prix littéraires, mais est mort d’un cancer foudroyant à 42 ans. Les jeunes l’ont plébiscité par le Prix des lycéens 2021-2022.

C’est un espoir…

Marielle Budry,
Genève

Opinions On nous écrit Votre lettre Alimentation

Connexion