On nous écrit

Discrimination salariale

Claire Jobin réagit à un récent article sur la réforme AVS 21 qui sera soumise au vote en septembre.
Prévoyance

Je souhaiterais ajouter quelques compléments à l’article relatif à la réforme de l’AVS, «De nombreux actifs dans le brouillard», paru dans Le Courrier du 27 juillet.

En effet, parmi les mesures destinées à augmenter les recettes de l’AVS on peut ajouter l’élimination des discriminations salariales que rencontrent les femmes.

En 2018, l’écart salarial moyen (ensemble de l’économie) entre femmes et hommes était de 1512 francs; la part inexpliquée de cet écart salarial (c’est-à-dire que l’on ne peut pas mettre en relation avec des différences telles que l’âge, la formation, l’ancienneté, la fonction hiérarchique) représentait près de la moitié (45,4%) de l’écart salarial total, soit 686 francs bruts par mois en moyenne (https://dam-api.bfs.admin.ch/hub/api/dam/assets/15864672/master#page22).

Une étude de 2020 de Travail.Suisse sur le financement de l’AVS (p. 3), qui se réfère à la publication de Kaiser et Möhr de 2019 «Analyse des différences salariales entre les femmes et les hommes sur la base de l’enquête suisse sur la structure des salaires de 2016», évalue les pertes pour l’AVS dues aux discriminations salariales à 825 millions de francs par an en 2020 (www.travailsuisse.ch/fr/media/1420/download).

C’est dire que l’élimination des discriminations salariales procurerait des ressources supplémentaires non négligeables à l’AVS et permettrait enfin de respecter l’article constitutionnel sur l’égalité des sexes.

Malheureusement la loi sur l’égalité entre femmes et hommes, censée assurer l’égalité salariale entre les sexes, a été réduite au strict minimum (modification du 14.12.2018, entrée en vigueur le 01.07.2021): seules les entreprises employant plus de 100 personnes, ce qui représente moins de 1% des entreprises, et même pas la moitié des personnes salariées en Suisse, ont l’obligation d’effectuer une analyse interne des salaires. Aucune sanction n’est par ailleurs prévue en cas de violation de la loi.

Et, sans surprise, ce sont les milieux favorables à AVS 21, donc à l’élévation de l’âge de la retraite des femmes, qui se sont opposés, avec succès, à des mesures plus contraignantes en faveur de l’égalité salariale.

Claire Jobin,
Lausanne

Opinions On nous écrit Votre lettre Prévoyance

Connexion