Édito

Le coup de la panne

Le coup de la panne
Lignes électriques à haute tension dans les montagnes en Suisse. PHOTO PRÉ-TEXTE/KEYSTONE
Energie

Il aura fallu la menace de coupures d’électricité et de gaz cet hiver, sur fond de spéculation sur les prix, pour que la Suisse se décide à envisager des mesures un peu plus offensives en matière d’économies d’énergie. Sensibilisation dans un premier temps de la population et des entreprises, puis rationnement, voire délestages si nécessaire. Les scénarios d’effondrement popularisés par les collapsologues deviennent désormais réalité sous nos latitudes.

Le coup de la panne pourrait-il être bénéfique? Ou, dit autrement, le black-out sera-t-il plus efficace que les rapports du GIEC pour réorienter notre modèle de production capitaliste? A voir. Mais il permettra peut-être de prendre conscience des limites et de la fragilité d’un système basé sur une fuite en avant mortifère. D’autant que la décarbonisation de la société et la révolution numérique impliquent une demande en électricité soutenue.

La réponse immédiate doit passer par de réelles économies d’énergie, sans augmentation des capacités de production des centrales à charbon, au gaz ou nucléaires. Les investissements devraient être massifs dans les énergies renouvelables.

Or le chemin à parcourir dans notre pays en la matière est immense, entre le manque de matériel, l’absence de formation, la pénurie de main d’œuvre et les obstacles légaux. Mais il ne faut pas se leurrer, aucune énergie n’est complètement propre. Les éoliennes et les panneaux solaires ne poussent pas dans les champs et ont, eux aussi, un coût écologique. Ils doivent permettre la transition, pas de continuer «comme avant».

Des modèles reposant à la fois sur la production d’énergie renouvelable, l’augmentation de l’efficacité énergétique et la sobriété existent déjà, comme en témoignage David Moreau, ingénieur en science et ingénierie de l’environnement. Ils concernent les individus et les entreprises, se traduisent par des incitations et des obligations.

Ils doivent s’accompagner d’un impératif moral de justice sociale: ce n’est pas aux classes populaires ici, ni aux peuples du Sud, de payer la facture. Et de la perspective de créer un nouvel imaginaire, où la sobriété n’est pas synonyme de retour à l’âge de pierre, mais de qualité de vie, santé et vivre-ensemble.

Opinions Édito Christiane Pasteur Energie

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