On nous écrit

Pas touche au dieu bitume!

Sophie Coulet rappelle que la polémique engendrée par l’arrachage de bitume aux Pâquis cache les véritables enjeux climatiques.
Environnement

22 juin: on a touché au Dieu bitume! Mais pourrait-on, le temps d’une canicule, remettre les choses en perspective?

Par temps de crise climatique, quelle est donc la tempête qui a agité Genève? L’action de deux associations de citoyens inquiets de voir la hausse des températures provoquée par le réchauffement climatique rendre peu à peu leur quartier invivable. Une action de désobéissance civile absolument non violente et sans danger, pour signifier de façon volontairement provocatrice et symbolique, que le temps administratif est largement déconnecté de la réalité climatique, qu’il faut agir plus vite.

Pourquoi a-t-on dépossédé les associations de leur message? Pourquoi le débat est-il devenu politico-politicien, largement alimenté par la polémique médiatique? Parce que c’était plus simple que de vraiment s’attaquer au problème de fond… et moins inquiétant sans doute.

Si la gestion des contacts de Mme Perler avec les associations a pu sembler discutable, j’ai envie d’y voir la prise de risque plus ou moins volontaire d’une élue lassée de constater le décalage entre la nécessité d’agir vite et les tergiversations politiciennes et citoyennes autour des actions à mettre en place pour que notre avenir soit vivable.

Car il s’agit bien de capacité à faire face aux conditions climatiques: la sécheresse est là et nos villes surchauffent. Dégrapper quelques mètres carrés de bitume, même de façon illégale, était-il si inadmissible au regard de ce que cette action entendait rappeler? Notre Etat de droit, horriblement bafoué selon les détracteurs de l’action, s’est-il construit sans que des citoyens engagés ne se soient parfois, souvent, opposés aux lois ou aux habitudes bien ancrées, qui devaient clairement évoluer pour plus de justice? Le respect de la loi est fondamental, mais refuser le principe de la désobéissance civile revient aussi à museler ceux qui œuvrent à alerter la majorité endormie.

Alors réveillons-nous, recentrons le débat sur ce qui devrait tous nous préoccuper, à savoir comment modifier nos habitudes pour conserver un environnement, une ville vivable, comment accélérer le processus d’adaptation aux effets de plus en plus visibles du changement climatique. Là est bien le sujet sur lequel toute l’énergie gaspillée dernièrement en polémiques devrait être concentrée.

Sophie Coulet,
Genève

Opinions On nous écrit Votre lettre Environnement

Connexion