Édito

La Terre brûle pour nous réveiller

La Terre brûle... changeons tout
Un hélicoptère éteint un feux de forêt. KEYSTONE
changement climatique

Les semaines de canicule en cours et les feux de forêts massifs qui les accompagnent peuvent représenter une énième opportunité de prise de conscience et de changement face au dérèglement climatique. Une chance, osons le mot, aussi, de passer de l’écoanxiété à l’écoaction collective.

Prophètes de malheur ou lanceurs d’alerte salutaires, selon le calibrage de nos boules de cristal respectives, de plus en plus de scientifiques mettent en garde, au-delà du changement climatique, sur la grave instabilité de plusieurs systèmes dont nous dépendons – énergétique, financier, alimentaire et environnemental principalement – tous soumis à la logique expansive du capitalisme néolibéral. Une instabilité telle qu’elle nous conduirait vers des effondrements d’ampleur, avec leur cortège de chômage, pauvreté, pénuries, voire de guerres, famines et épidémies. La guerre en Ukraine et ses conséquences économiques et sociales sur le monde entier ne serait qu’un nano avant-goût de ce qui nous attend. Quels que soient nos pronostics, le risque ne peut désormais plus être nié, et il est gigantesque.

Une chose est sûre également: il n’y a aujourd’hui pas de pilote dans l’avion. La faiblesse maladive, et parfois le ridicule, des mesures prises en faveur du climat le démontrent à l’envi. Continuer à s’en remettre à nos autorités pour changer de cap revient à demander à un âne de modifier le parcours qui lui est imposé par les millions de fourmis rouges qu’il a en guise de cavalier. Ces fourmis-là, banques, fonds de pension, GAFA, assureurs, multinationales et autres firmes géantes n’ont qu’une seule logique pour guide: la rentabilité maximum à court terme pour elles et leurs actionnaires. Et elles ont le pouvoir de l’imposer.

Le capitalisme des Trente glorieuses n’a «fonctionné», pour une partie de l’humanité, que parce que la puissance publique, sous la pression des mouvements populaires, a imposé des limites et des cadres stricts à cette logique d’accumulation privée à court terme. Abandonné depuis quarante ans, ce compromis désuet reviendra-t-il sous la forme d’un Green New Deal global («Nouveau pacte vert»)? Rien n’est moins sûr. Et pas certain que cela soit souhaitable puisque forcer le capitalisme à devenir «(un peu plus) raisonnable» ne remet pas en cause son principe de base: une croissance matérielle (exponentielle qui plus est) dans un monde fini s’avère impossible à moyen et long terme, et extrêmement destructeur pour la planète et l’humain. La Terre vient chaque jour – avec la 6e extinction de masse des espèces notamment – rappeler cette évidence que nous refusons obstinément de voir, faute d’alternatives. Ce sont ces autres modes d’organisation sociale qu’il nous faut construire par le bas aujourd’hui et en imaginer l’extension à l’échelle de la société.

Opinions Édito Christophe Koessler changement climatique

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