Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. L’affaire Perler, du nom de la conseillère administrative de la Ville de Genève, illustre à merveille le proverbe chinois. Oui, l’élue écologiste a fauté en négociant avec des activistes pâquisards le «dégrappage» de 0,5 mètre cube de bitume. Politiquement, il s’agit d’un hors-jeu. Mais on est tenté de dire: et alors? L’avenir dira si l’élue verte en paiera les conséquences. Ce qui n’est pas sûr, tant l’exaspération populaire est grande par rapport aux nuisances d’une mobilité centrée sur les moteurs thermiques.

Pour l’heure, la droite a flairé l’odeur du sang. En bon squale, elle tente une petite opération de déchiquetage politique. Grand bien lui fasse. Mais l’essentiel est ailleurs, et les partis bourgeois sont à mille lieues d’un début de compréhension des enjeux. Leur logiciel est obstinément verrouillé sur un passé archaïque, celui d’une mobilité toute entière centrée sur la voiture. On en a eu l’illustration durant le traçage des si utiles pistes cyclables Covid. N’a-t-on pas vu un conseiller national camper près de la fenêtre de son bureau et inonder les réseaux sociaux de photos et de commentaires rageurs? Et que penser du combat d’arrière-garde de politiques dont le seul horizon est le maintien de la circulation et du parcage sur le quai des Bergues?

L’urgence climatique se fait sentir tous les jours, elle réclame des mesures urgentes, la capacité de fixer des priorités. A une mesure de résistance civile non violente, les partis conservateurs opposent une vision passéiste de la loi et de l’ordre. Illustration de cette absurdité: réparer les dégâts du dégrappage coûtera 3802 francs; l’enquête externe confiée à un magistrat indépendant enrichira celui-ci de 10’000 francs. Beau sens des priorités, tout est dit.