Édito

Assange, ce marqueur démocratique

Assange, ce marqueur démocratique
Des organisations de journalistes, d'éditeurs et des rédacteurs en chef de Suisse et de divers autres pays signent symboliquement une affiche appelant a libérer le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, mercredi 22 juin 2022 a Genève. A l'invitation du Club suisse de la presse. KEYSTONE/Martial Trezzini
Liberté de la presse

Libérer Julian Assange. Cette fois, ce sont des médias –  dont Le Courrier–, des journalistes et des associations professionnelles – les syndicats de la branche ainsi que la faîtière patronale – qui l’ont réclamé hier à Genève. L’Australien est embastillé depuis trois ans en Grande-Bretagne et traqué par les Etats-Unis depuis 2010. L’état de santé de ce journaliste (ou lanceur d’alerte, c’est selon) est préoccupant. Il risque l’extradition vers le pays de l’Oncle Sam où il risque une peine de 175 ans de prison pour avoir révélé des crimes de guerre dont les auteurs, eux, n’ont jamais été poursuivis.

L’initiative est bienvenue. Si les soutiens sont souvent individuels et éparpillés, la démarche de mercredi a montré une forte convergence de vues. Les principaux titres romands, des responsables de la RTS et des partenaires sociaux ont donné de la voix. Des poids lourds comme Reporters sans frontières, la Fédération internationale des journalistes et diverses fédérations nationales se sont joints à l’appel. Le sort du fondateur de Wikileaks est bel et bien un marqueur des libertés démocratiques.

Car à travers Assange, c’est le journalisme que l’on veut domestiquer, lançait déjà dans nos colonnes en 2019 le pénaliste Andreas Noll, lors d’une semaine de mobilisation en faveur de l’activiste australien. La liberté de la presse est sous pression. Plusieurs affaires récentes l’ont montré. Impossibilité, par exemple, pour les médias helvétiques de relater les informations contenues dans les Suisse Secrets sur les dérives de Credit Suisse et largement traitées chez nos voisins via la Consortium des journalistes d’investigation. En Suisse, il a fallu ruser et édulcorer l’information, à moins d’accepter de croupir trois ans en prison. Et ne parlons même pas de la multiplication des procédures judiciaires et autres procès-baillon.

Au-delà du cas de Julian Assange, c’est bien de libertés publiques qu’il est question. Défendre le lanceur d’alerte relève de la défense des droits fondamentaux, et donc de la démocratie. Domaine où la Suisse est volontiers donneuse de leçons mais où elle peine parfois à se montrer conséquente. Les durcissements de la législation l’ont vu reculer de la dixième à la quatorzième place en matière des libertés de la presse…

Opinions Édito Philippe Bach Liberté de la presse

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