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L’urgence du renouvelable

Ernest Badertscher avance des solutions pour réussir la transition vers les énergies renouvelables.
Energie

Il n’y a pas d’issue à la crise (celle climatique mais aussi celle liée à la guerre en Ukraine) sans l’utilisation de façon intensive et rapide des énergies renouvelables. La seule solution est une meilleure indépendance énergétique.
Il faut oublier le nucléaire et tout miser sur les énergies renouvelables, même si certaines posent des problèmes d’acceptation par le peuple.

Par exemple, la mini-hydraulique, freinée par nos élus sous la pression de lobbys, a encore beaucoup de possibilités, mais les contraintes administratives sont un frein, tout comme pour le biogaz. La géothermie suscite de grands espoirs, mais des problèmes sismiques demandent des délais importants. Les PAC (pompes à chaleur) utilisent la géothermie de surface. Cette technologie est idéale pour de grands ensembles, mais inadaptée pour une villa.

L’hydrogène serait le futur sans gaz à effet de serre, mais à la condition qu’il soit produit avec des énergies renouvelables. Il faut rappeler que pour produire un kWh d’énergie hydrogène, il faut en dépenser de 2 à 5 selon le procédé et l’emploi! Mais, il y a des solutions.

Le solaire a la priorité, car il y a moins de démarches administratives et les délais restent raisonnables, tant pour le thermique que pour le photovoltaïque (PV). Notre Conseil fédéral a annoncé qu’il est possible de produire, d’ici 2050, 34 TWh d’électricité PV, soit 1,5 fois la production de nos quatre centrales nucléaires. Uniquement avec des toits et des façades bien exposés, cette production pourrait monter à 67 TWh!

La production d’un panneau PV actuel est de 190 Wcr par m2 ou 1,96 GWh par hectare et par an. En 2019, la production PV (photovoltaïque) était de 2,5 TWh, soit l’équivalent de 1 300 hectares. Cette production peut encore être absorbée par les lignes de transport mais au-delà de 5 TW, le réseau serait saturé, ce qui nécessiterait d’augmenter les lignes de transport.

La cause de ce problème est le solaire PV. Pour compenser le nucléaire, il ne produit que 1 000 heures par an sous nos latitudes, tandis que le nucléaire est étalé sur environ 8’000 heures. Donc pour remplacer le nucléaire, la puissance installée en panneaux PV doit être 8 fois plus grande, soit de 22,8 TW contre les 2,85 TW du nucléaire. C’est là que surgit le problème de la limite de puissance des réseaux de transport de l’énergie. Les électriciens ont compris ce problème, soulevé notamment par Raymond Chenal, mais la presse n’en parle pas.

Mais il n’y a pas de problème sans solution. Il y a par exemple le repompage avec des barrages équipés, même si leur capacité ne suffirait pas et qu’en conséquence certains devraient être surélevés. La consommation directe aussi est possible, mais irrégulière.

Comme tout le monde veut de l’hydrogène, cette production devient intéressante, car il suffit de créer des surfaces photovoltaïques qui produiraient de l’hydrogène et de l’oxygène par électrolyse. L’hydrogène peut être stocké. Un kg contient 33 kWh d’énergie et en a nécessité 58 pour sa production par électrolyse. Pour le stocker sous pression de 700 bars, cela nécessite encore de l’énergie.

Les délais pour sortir de l’ornière sont courts et il est urgent que nos politiques s’agitent pour mettre en œuvre le solaire qui est sans limite, mais demandes décisions courageuses et rapides.

Ernest Badertscher,
Orbe (VD)

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