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«Poutine n’est pas toute la Russie»

S’adressant à «l’opinion publique suisse», des artistes russes vivant en Suisse condamnent l’invasion de l’Ukraine et demandent une réaction de la Berne fédérale «contre la propagande de guerre».
Lettre ouverte 

Nous, Russes résidant en Suisse, exprimons notre solidarité avec le peuple ukrainien en lutte contre l’agression du régime poutinien. Nous exigeons de mettre fin immédiatement à cette guerre criminelle, à la destruction des villes et à l’assassinat des populations civiles.

Nous apprécions les mesures sans précédent qu’a prises la Confédération helvétique pour condamner cette guerre, allant jusqu’à un renoncement partiel à sa tradition séculaire de neutralité. Nous approuvons tout ce que fait le gouvernement pour geler les actifs de ceux qui, pendant de nombreuses années, se sont enrichis sur le dos de la Russie, pour fermer l’accès au pays à ceux qui n’ont pas leur place dans un Etat de droit démocratique.

Il est important pour nous que les Suisses comprennent que les Russes ne sont de loin pas tous pour Poutine, que Poutine, ce n’est pas la Russie. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir: avec des milliers de Suisses et d’autres citoyens nous récoltons des fonds pour envoyer une aide humanitaire aux habitants d’Ukraine, nous aidons à accueillir les réfugiés ukrainiens. Nous participons aux actions de solidarité et aux rassemblements anti-guerre dans diverses villes de Suisse.

Nous constatons avec douleur et indignation que, dans la communauté russophone de Suisse, il se trouve des gens qui soutiennent ouvertement Poutine et la guerre, jouant de leur influence sur les réseaux sociaux.

Cette incitation à la haine et cette propagande de la guerre, faites par des personnes présentes sur le territoire de la Suisse et dotées d’un statut de résident, ne sont-elles pas en contradiction avec la loi?

Le devoir des citoyens d’un Etat de droit est de respecter les lois. L’obligation des organes de l’Etat est de s’assurer que les lois sont respectées. Nous avons déjà vu à quoi menait le manquement à cette obligation: pendant de nombreuses années, la Suisse n’a pas appliqué la loi contre le «blanchiment d’argent sale», celui volé à la population russe. L’opinion publique suisse peut et doit empêcher la répétition de cette erreur, quand un Etat de droit n’applique pas ses propres lois. Poutine est un criminel de guerre. Le soutien à Poutine équivaut à soutenir une agression criminelle, à faire la propagande de la guerre. Dans tous les pays démocratiques, il y a des lois contre la propagande de la guerre. Nous exigeons que ces normes juridiques soient respectées et appliquées.

Nous adressons aujourd’hui cette lettre ouverte à nos voisins suisses et au gouvernement de la Confédération helvétique.

Mikhaïl Chichkine, écrivain; Tatjana Fleischman, directrice du théâtre Crescendo et de l’école de théâtre Insight Genève; Ilya Gringolts, violoniste, fondatrice du Gringolts Quartet; Elena Hazanov, réalisatrice de films; Olga Ivanova-Bukovski, sœur de l’activiste des droits de l’homme Vladimir Bukovsky; Ivan Monighetty, violoncelliste, chef d’orchestre, professeur à l’Académie de musique de la Ville de Bâle; Anjelika Oberholzer, directrice du théâtre Synthese, Zurich; Marina Okhrimovskaya, magazine internet Schwingen.net; Polina Petuschkowa, «Russie du futur»; Svetlana Rodina, réalisatrice; Evgeniya Shishkina, directrice artistique du Forum «SlovoNovo».

Lire aussi A. Pitteloud et M. Maillard, «Regards sur la guerre» dans le Mag du week-end, pages 19-20.

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