Agora

Pas si vertes, les religions

En matière de protection de l’environnement, les religions préfèrent les paroles aux actes. Les raisons en sont aussi diverses que les communautés religieuses.
Environnement

Les responsables ecclésiastiques et les scientifiques multiplient les déclarations et les mises en garde. De l’encyclique papale au symposium islamique sur le climat, on explique qu’une vision du monde centrée sur l’être humain a sa part de responsabilité dans la crise climatique. Les religions se disent toujours plus écologiques et professent la responsabilité face à la nature et la durabilité – pour protéger la Création. Mais, empiriquement, rien ne prouve qu’elles sont devenues plus vertes, ont montré des scientifiques de l’université de Bâle sur la base d’une enquête qualitative de 68 entretiens auprès des communautés religieuses. 1>Köhrsen et al.: «How ‘green’ can religions be? Tensions about religious environmentalism». Zeitschrift für Religion, Gesellschaft und Politik (2021).

Les conceptions écologiques basées sur la foi ne sont pas répandues de façon égale, selon le sociologue des religions Fabian Huber: «Dans certains groupes religieux, les questions sociales et économiques priment la protection de la nature et on se soucie d’abord de la situation des pauvres.» Les grandes religions du monde ont toujours été composées de différents courants, ce qui explique la confrontation de toutes sortes de conceptions et d’intérêts sur les questions écologiques actuelles. Des tensions et des conflits autour des solutions envisageables apparaissent donc régulièrement – par exemple la consommation de viande, le recours aux énergies renouvelables ou le recyclage des eaux usées qui ne fait pas l’unanimité dans l’islam. S’y ajoutent les positions fondamentalistes: des groupes qui nient le changement climatique ou des courants chrétiens rigoristes qui interprètent la catastrophe environnementale comme une punition de Dieu.

Fabien Huber indique en outre que la société est plutôt critique quant à la participation des communautés religieuses aux négociations sur le climat parce qu’elles ne sont pas considérées comme étant assez compétentes en la matière. L’équipe veut maintenant étudier, avec des collègues de l’université de Lausanne, le rôle des communautés religieuses dans le débat sur l’environnement sous l’angle quantitatif. Elle prévoit d’interroger 1500 communautés dans le pays.

Notes[+]

Paru dans Horizons no 132, mars 2022, magazine suisse de la recherche, FNS, www.snf.ch/fr/

 

Opinions Agora Christoph Dieffenbacher Environnement

Connexion