Édito

CLimat: la BNS se fait prier

CLimat: la BNS se fait prier
La BNS investit des milliards de francs dans des énergies polluantes. KEYSTONE photo prétexte
Réchauffement climatique

La Banque nationale suisse (BNS) qui se réunit ce vendredi en assemblée générale joue un jeu un peu étrange. Elle ne s’estime nullement liée par les engagements pris par la Suisse en matière de réduction des gaz à effet de serre et plus particulièrement de respect des objectifs fixé par l’accord de Paris. Et le pouvoir politique, de son côté, refuse de lui mettre la pression au nom de l’autonomie de l’établissement.

On avait déjà observé le problème au niveau de la politique monétaire de l’établissement national qui fait la part belle à la lutte contre l’inflation tout en laissant la problématique de l’emploi dans un angle mort. Mais lorsqu’il est question de climat, on parle carrément de survie de l’humanité. Or, la BNS investit des milliards de francs dans des énergies polluantes. Une étude menée en 2016 par les Artisans de la transition évaluait à 6,6 milliards de francs les sommes investies aux seuls Etats-Unis. Selon cette étude, cela augmenterait d’un multiple de dix les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse.

La BNS utilise certains subterfuges dans ce domaine, notamment pour contourner les quelques engagements climatiques pris sur le papier. Ainsi, elle s’interdit de prendre des participations dans les sociétés dont l’extraction de charbon est l’activité principale; mais elle ne dédaigne pas celles où cette activité s’inscrit dans un cadre plus diversifié.

Une campagne a été menée par les milieux climatiques –l’Action climatique et Breakfree– pour peser sur la banque centrale suisse via les cantons en leur demandant d’agir pour décarboner leurs investissements. Notamment en demandant la convocation d’une assemblée générale extraordinaire. Les choses bougent. Mais lentement. Le canton de Vaud a interpellé l’an passé la BNS. Genève s’est faite un peu prier. Ce mercredi, le canton du bout du lac, poussé par les associations vertes est enfin sorti –un peu– de sa réserve. En exprimant «le besoin de connaître les mesures qui ont été prises à ce jour dans ce domaine». Il a également demandé à être informé des objectifs et du calendrier de réalisation que s’est fixés la BNS en matière de décarbonisation de ses actifs propres.

C’est maigre. Pas de quoi faire trembler la vénérable institution. Cette affaire fait un peu penser aux longues luttes par voie d’initiative, de recours et de manifestations qu’il a fallu mener pour que se mette en place une véritable politique antinucléaire. Celle-ci est aujourd’hui pleinement assumée. A l’époque, Lausanne et Genève avait su s’entendre. On serait en droit d’attendre un même volontarisme pour le climat.

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