Chroniques

Une économie écologique est possible!

Un avenir à désirer

Reprenons très rapidement le fil de l’histoire récente: depuis 2018, des milliers de personnes sont descendues dans les rues à plusieurs reprises et ont dénoncé l’inaction politique face aux catastrophes environnementales et climatiques qui menacent tous les peuples. En Suisse, grâce à ces mobilisations de masse, il semble acquis pour une bonne partie de la population que l’état du monde est préoccupant. Les preuves sont chaque année plus accablantes et nombreux sont celles et ceux qui acceptent désormais l’idée qu’il faut maintenant agir. La montée aux élections du parti écologiste est aussi une traduction de cette prise de conscience. Plus largement, les débats autour de la loi sur le CO2 – en dépit de son rejet dans les urnes – ont aussi montré que les partis n’avaient désormais plus d’autre choix que de se positionner face à ces enjeux. S’impose donc un constat simple: l’écologie est devenue une évidence.

Il y a donc un monde que nous ne voulons pas: le monde pétrole, le monde déréglé. Celui qui mène au dépassement de la frontière des 1,5 °C, dans lequel des larges segments de la population mondiale, notamment du Sud, perdent leur lieu de vie, le monde des multinationales fossiles qui finissent de vider le sol de ses hydrocarbures.

Mais après le rejet doit venir le projet. Il y a aussi un monde que nous voulons, que nous appelons de nos vœux, qui doit être juste et désirable. Là, le terrain est profondément ouvert. A quoi ressemblerait une société écologique, qui respecterait son environnement? Et quelles sont les conditions à réunir pour qu’elle puisse émerger? A regarder les maigres politiques écologiques menées jusqu’ici, il semble que les mêmes obstacles majeurs se dressent toujours: les lois économiques, la bonne marche de la croissance, la compétitivité de la place économique suisse.

Le mouvement écologiste ne s’y trompe d’ailleurs pas. «Changeons le système, pas le climat!», «anticapitalisme!», ces slogans se sont fait de plus en plus entendre au fil des mobilisations. Ils ont le mérite de souligner que la transformation de la société doit être profonde et que le système économique constitue sûrement le nœud du problème. Ils enjoignent à penser l’avènement d’un nouveau système qui, lui, saurait prendre en compte l’importance de la nature en tant que base de la vie. Tout le défi est d’ailleurs ici: trouver les pistes d’une économie pour le XXIe siècle à la hauteur des risques que nous encourons, réinventer des futurs souhaitables, libérés du mythe productiviste de l’opulence par la croissance. En affirmant que nous ne vivons pas «la fin de l’histoire» dans laquelle le système «le moins pire» ne connaît aucune alternative fiable, il nous faut réussir à imaginer une autre suite de l’histoire. En effet, de nombreuses voix n’hésitent pas à dire que «le monde va mal» et souhaitent que «ça change». Un certain ressentiment existe. Ce qui manque, c’est une perspective qui puisse donner force, un imaginaire qui puisse souffler une direction.

Et pourtant, il existe des systèmes économiques différents, autant éloignés de l’économie de marché actuelle – qui engendre le désastre environnemental – que de l’économie planifiée russe du siècle passé – qui n’avait de sympathie ni pour la démocratie ni pour la nature. Il existe des théories et des idées pratiques permettant une transition vers une économie et une société écologiques mais aussi profondément sociales et démocratiques.

La Grève du climat s’est lancée, voici déjà presque deux ans, dans un travail de fond pour dégager les grandes lignes des transformations institutionnelles que nécessiterait une politique répondant sérieusement à la crise climatique. En Suisse, un groupe national s’est constitué avec pour mandat de réfléchir à des mesures de transition post-capitaliste. Se sont dégagées des propositions variées qui touchent différents domaines: le droit à l’emploi, le revenu universel, la démocratie d’entreprise, l’orientation citoyenne des grands choix économiques, etc.

Au cours des prochains mois, nous partagerons ces propositions d’alternatives écologiques à travers une série de chroniques. L’objectif sera de montrer qu’en plus d’exister, elles sont réalistes et ouvrent la voie vers un avenir désirable pour tous et toutes (ou presque – les multimilliardaires risquent d’y voir certains de leurs privilèges pour le moins réduits).

Il est en effet temps, après avoir mis l’écologie au centre du débat politique, de se pencher sur le changement de système profond qu’elle requiert et sur les idées concrètes qui existent déjà pour réaliser ce changement.

Temps, surtout, de montrer que ces idées sont profondément désirables…

Climatestrike.ch

Prochain rendez-vous mercredi 18 mai.

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mardi 19 avril 2022

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