65% de participation à 17h00, en baisse par rapport à 2017
Les Français se sont moins déplacés qu’en 2017 pour la présidentielle, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur à 17h00. Au total, 65% des électeurs ont voté à cette heure-là, contre 69,4% il y a cinq ans.
L’écart s’est encore un peu étendu par rapport à la situation à la mi-journée. Parmi les départements, la Dordogne, l’Aveyron et le Gers sont ceux où la participation est la plus importante.
Cette participation est en revanche plus élevée de 6,5 points qu’en 2002 (58,45%), année record pour l’abstention à un premier tour d’élection présidentielle.
Pour l’ensemble de la journée, l’abstention devrait atteindre 24% à 26,5%, selon des estimations. C’est plus qu’en 2017 (22,2%), mais elle reste en-dessous du niveau de 2002 (28,4%).
La participation à 12h00 est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l’abstention à un premier tour d’élection présidentielle.
Quelque 48,7 millions d’électeurs doivent choisir entre douze candidats, à l’issue d’une campagne étrange, marquée d’abord par la pandémie de coronavirus puis l’invasion russe en Ukraine qui a occulté une partie du débat.
Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 en métropole, alors qu’une partie des Français d’outre-mer ont commencé à voter dès samedi. Les premières estimations seront connues à 20h00 après la fermeture des derniers bureaux. Le ministère de l’Intérieur donnera à la mi-journée les premiers chiffres concernant la participation.
Nombre de politologues craignent que le record d’abstention de 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d’une présidentielle, soit battu.
A Pantin, en région parisienne, Blandine Lehout, comédienne de 32 ans, n’ira pas voter: «c’est la première fois de ma vie», «mais là je les déteste tous. On est à un stade où ils me font peur», explique-t-elle.
A Marseille (sud-est), Carole Junique, 47 ans, qui travaille dans la fonction publique, est venue à la première heure.«En France, on a le droit de vote, c’est important de le garder; bien sûr on n’a qu’une voix parmi d’autres, mais si tout le monde se mobilise, ça peut changer les choses», souligne-t-elle.
Beaucoup ne cachent pas que leur choix a été difficile. Cédric Hodimont, la quarantaine, regrette ainsi d’avoir fait«un vote par défaut».
Les sondages prédisent que M. Macron devrait arriver en tête, devant Mme Le Pen, comme lors du précédent scrutin en 2017, avec le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en troisième position.
Pouvoir d’achat
Les différentes études montrent que Mme Le Pen et M. Mélenchon sont depuis plusieurs jours dans une dynamique de progression, réduisant substantiellement l’écart avec le président sortant, entré tardivement en campagne.
Mais l’abstention et le fait, toujours selon les sondages, qu’une part importante de l’électorat n’est pas sûre de son choix semblent laisser les jeux ouverts.
Derrière ce trio, les autres candidats paraissent décrochés, notamment celle de la droite traditionnelle Valérie Pécresse et l’autre prétendant d’extrême droite Eric Zemmour.
Pour le deuxième tour, les sondages donnent M. Macron vainqueur, mais avec une très courte avance sur Mme Le Pen, laissant penser qu’une victoire de la candidate est possible, ce qui constituerait une double première en France, avec l’arrivée d’une femme et de l’extrême droite au pouvoir.
Ce premier tour clôturera plusieurs mois d’une campagne dont les grands enjeux, en particulier le dérèglement climatique, ont été absents. Le pouvoir d’achat s’est inscrit comme la principale préoccupation des électeurs, d’autant que la guerre en Ukraine a provoqué une inflation notable, érodant un peu plus les capacités financières des plus précaires.
Mme Le Pen a depuis le début axé sa campagne sur ce thème, de même que M.Mélenchon dont la formation appelle les électeurs de gauche au vote«utile» en sa faveur, plutôt qu’au profit des nombreux autres candidats de gauche, comme l’écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo ou le communiste Fabien Roussel.
Plus de «front républicain » ?
Face à la possibilité d’une victoire finale de l’extrême droite, certains candidats ont déjà annoncé la position qu’ils adopteront dimanche soir, comme Fabien Roussel qui fera barrage à Mme Le Pen. Valérie Pécresse ne donnera pas de consigne mais dira pour qui elle votera.
Dans l’entourage de M. Macron, on admet que le réflexe du «front républicain», dont il avait bénéficié lors de son élection en 2017, n’est plus une évidence.
Donnée finie après son échec il y a cinq ans, inquiétée par l’irruption du polémiste Eric Zemmour, Mme Le Pen a remonté la pente, allant jusqu’à se présenter, lors d’un dernier meeting vendredi, comme représentant «la France tranquille» face à un chef de l’Etat «agressif» et«fébrile».
Par un effet de vase communicant, la fille et héritière du sulfureux tribun d’extrême droite Jean-Marie Le Pen s’est retrouvée recentrée sur l’échiquier politique par l’irruption d’Eric Zemmour.
M. Macron a lui joué sur son image de commandant en chef accaparé par les crises sanitaire et internationale. Une posture qui l’a d’abord servi, mais qui a ensuite pu le faire apparaître déconnecté des préoccupations quotidiennes des Français. Son image a aussi été affectée par son refus de se livrer à des débats télévisés face à ses adversaires.
Prenant conscience du danger, le président sortant a appelé à partir de début avril à la «mobilisation» contre une extrême droite«banalisée», et affirmé vendredi avoir «l’esprit de conquête plutôt que l’esprit de défaite».