Un redémarrage de la mobilisation climatique? Il faut l’espérer. Ce samedi, la Grève pour l’avenir, cette coalition de différentes organisations féministes, syndicales et écologistes, organise toute une série de mobilisations au niveau national autour de la question de la réduction du temps de travail.
C’est qu’il y a urgence. Lundi, le Giec (Groupe d’expert·es intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié un nouveau et alarmant rapport. Le temps nous est compté, certaines courbes doivent être inversées dans un délai rapide, trois ans si l’on entend respecter les objectifs de l’accord de Paris.
Le thème de la réduction du temps de travail s’inscrit précisément à cette croisée des chemins des luttes intersectionnelles. Il pose la question de la justice climatique, sociale et de genre. Réduire la charge de travail est un moyen de freiner la machine. La production des gaz à effet de serre est très directement corrélée à la croissance économique.
La diminution et le partage du travail sont des leviers puissants pour la justice sociale. Il s’agit tout simplement de garantir l’autonomie de chaque personne, de lui donner les moyens de gérer en toute liberté son existence au lieu de l’enchaîner à la machine. Une revendication aussi vieille que le mouvement ouvrier. Enfin, cette diminution de la charge horaire est aussi une condition sine qua non pour l’égalité des genres et le partage des tâches domestiques qui reposent encore prioritairement sur les épaules des femmes.
Cette nécessaire convergence n’est pas encore suffisamment présente dans les programmes politiques des partis de gauche. Et dans leurs actes. Depuis des années, les activistes du climat luttent pour obtenir une réorientation des investissements publics dont le rapport du Giec a encore montré lundi à quel points ils sont cruciaux pour décarboner nos consommations énergétiques. La semaine passée, les activistes de Breakfree ont interpellé le gouvernement genevois qui se cache derrière son petit doigt et refuse d’intervenir dans la politique de placements de la Banque nationale suisse… dont il est actionnaire.
Une inertie choisie, un attentisme irresponsable et une politique incompréhensible de la part d’un gouvernement dit de gauche. Il serait pleinement dans son rôle, au contraire, à exiger des comptes de la BNS qui n’a pas à placer ses avoirs dans des projets pétroliers mortifères pour l’avenir de la planète. Cette pusilaminité met une nouvelle fois en évidence que pour faire évoluer les choses, c’est bien à la société civile de les prendre en main et d’imposer à nos édiles de tenir les promesses qu’ils et elles font à chaque échéance électorale et qu’ils et elles rechignent ensuite à respecter.