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Méconnaissance du terrain

Dominique Cirlini commente une décision prise récemment par le Département de l’instruction publique (DIP) à Genève.
Education

Maintenant retraitée de l’équipe secondaire, j’ai travaillé presque trente ans au DIP comme formatrice en promotion de la santé, éducation sexuelle entre autres. Dès le début, lorsque nous étions des «auxiliaires à long terme» illégaux, le DIP nous a mis des bâtons dans les roues au sujet des conditions de notre fonction. Maintenant, sans respect ni concertation, le coup de grâce. Pour des raisons clairement budgétaires, les postes sont supprimés– et fragmentés – en deux fonctions: pour quelques-uns, préparation des pro-grammes, et pour tous les autres, enseignement à la chaîne (28 heures à la place de 18 – rappelons qu’un plein-temps au CO et au Collège est de 20-24h, et non pas de 28h).

Or, ce qui fait la richesse et l’intérêt de cette fonction, c’est de pouvoir naviguer entre les deux, et ainsi avoir un contact direct et nécessaire entre la théorie et la pratique. Mme Emery-Torracinta, une fois de plus, s’enlise et montre sa méconnaissance du terrain affirmant:

  1. que les formateurs pourront «choisir», entre deux fonctions parachutées sans explication·– et la porte, s’ils ne sont pas d’accord avec ce choix (ultimatum de 10 jours),
  2. que ce sont des personnes qui débarquent un peu comme ça dans les écoles (Léman Bleu du 22 mars).

Ceci est totalement faux. Les formateurs travaillent à long terme avec le personnel pédagogique, médical et social de chaque école, avec des groupes-santé, des actions et des cours sur différents sujets (dépendances, etc.). Plutôt que du travail administratif, ils font de l’élaboration et du suivi de ces programmes.

Si le ciel est aussi bleu que le prétend Mme Emery-Torracinta, pourquoi mes ex-collègues, si investis dans leur travail, montrent-ils tant de sidération et de tristesse? «Etre un enseignant comme les autres»? Rappelons que les formateurs ont une heure et demie par année dans chaque classe et n’ont ni le privilège d’une relation à long terme avec les élèves, ni un programme étendu sur une année. Et dans ce type de cours, un investissement émotionnel et une écoute profonde des besoins des élèves sont nécessaires. Les formateurs, bien sûr, voudraient plus de cours, mais pas au détriment de la qualité de leur travail; donc avec des postes supplémentaires, et non pas par ce genre de pirouette malsaine, qui, il faut le dire, pourra menacer dorénavant n’importe quel employé de l’Etat.

Il faut laisser travailler ceux qui sont sur le terrain comme ils l’ont toujours fait: avec beaucoup d’engagement et d’enthousiasme.

Dominique Cirlini, Genève

 

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