Édito

Quel vote utile en France?

Quel vote utile en France?
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, lors d'une "marche pour la 6e république" le 20 mars dernier à Paris. KEYSTONE
Présidentielle française

Le baromètre électoral de l’IFOP laisse penser qu’Emmanuel Macron sera réélu dans un fauteuil au second tour de l’élection présidentielle française, avec une confortable avance de huit points sur Marine Le Pen. Avec 20% d’intentions de vote au premier tour, la candidate d’extrême droite truste la seconde place, loin devant Valérie Pécresse, (les Républicains) qui ne recueillerait que 12% des voix.

Mais, entre la droite et l’extrême droite, est venu se glisser Jean-Luc Mélenchon qui pèse désormais 14% des suffrages projetés. En clair: la France insoumise commence à y croire et prône désormais le vote utile au premier tour. Les voix qui se dispersent à gauche représentent quelque 11%. Il suffirait qu’un peu plus que la moitié de ces électeurs se reportent sur lui pour que le second tour soit un peu moins démoralisant qu’un face à face entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, entre une droite qui dérive vers la droite extrême et l’extrême droite. Car si tel est le cas, gageons qu’ils et elles seront nombreux·euses à aller à la pêche lors du second tour, incapables de choisir entre l’héritière d’un parti flirtant avec des thèses fascistes et le président sortant qui a réprimé avec brutalité les mouvements sociaux et qui annonce des attaques de taille: augmentation de l’âge de la retraite, dumping salarial, et dont la politique étrangère consiste surtout à vendre un maximum d’armes à des pays tout sauf démocratiques.

Le candidat de la France insoumise a pour lui de porter un véritable discours en rupture avec les poncifs néolibéraux, que ce soit sur la question sociale, la question climatique ou la politique étrangère, quoi qu’on pense de certaines de ses ambiguïtés.

La question est bien plus de savoir s’il est possible de reconstruire un projet politique de gauche sur une possible présence de Jean-Luc Mélenchon au second tour. Les différentes formations de la galaxie de gauche qui se retrouvent sur le carreau – Anne Hidalgo, l’héritière du parti de François Mitterrand, fait 2%, à peine mieux que Philippe Poutou! – dégagent en touche. On peut comprendre qu’elles éprouvent de la méfiance face au discours non dénué de populisme de M. Mélenchon. Mais ce faisant, elles font aussi preuve d’un certain catastrophisme, s’annoncent battues d’avance et éludent les limites intrinsèques de leurs propres programmes. Le contraire d’un débat démocratique, d’un projet politique porteur d’espoir à même de mobiliser les électrices et électeurs du camp progressiste. La traversée du désert politique de la gauche s’annonce longue.

Opinions Édito Philippe Bach Présidentielle française

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