Édito

Écouter les victimes

Violences aux femmes

Les féminicides marquent le sommet de la violence patriarcale. Celle-ci commence pourtant bien en amont et, surtout, s’inscrit dans une logique de système.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, notre dossier revient sur les différentes formes qu’elle revêt, sur la difficulté qu’il y a à l’identifier et sur les outils à disposition.

Des outils, la justice n’en manque pas, mais leur application reste faillible. La révision du code pénal en matière d’infractions sexuelles pourrait lui donner de nouvelles armes en intégrant la notion de consentement à l’article traitant du viol. Le Ministère public genevois y est favorable.

L’attention a tendance à se porter sur la violence physique. Alors qu’aux dires des victimes, c’est la violence psychologique qui est la plus destructrice. C’est elle qui prive la victime des moyens de se défendre en altérant sa perception de la réalité. Bonne nouvelle, c’est elle aussi qui peut être désamorcée à ses débuts.

D’où l’importance d’en parler et d’informer, estiment les associations, dans toutes les sphères et à tous les âges. Par exemple aux jeunes en couple, qui forgent leurs modes de relation à venir. Des initiatives s’y emploient dans plusieurs cantons.

A l’occasion du 25 novembre, des actions ont lieu dans tous les cantons romands, pour exiger des mesures à la hauteur de l’enjeu. Les associations d’aide aux victimes réclament ainsi une véritable politique de prévention pour les femmes et les personnes LGBTIQ+, la formation adéquate du personnel de la police, de la justice, de l’enseignement et du milieu médical, ainsi que des campagnes de sensibilisation tout public et des outils statistiques pertinents.

Car non seulement le nombre de victimes ne baisse pas mais il ne reflète pas la réalité: on sait qu’un grand nombre de violences ne fait l’objet d’aucune dénonciation, notamment parce qu’engager une procédure pénale est un processus long et éprouvant, qui renforce parfois le traumatisme au lieu de l’atténuer.

La parole des victimes qui s’exprime ici est d’autant plus courageuse. Il faut l’entendre: elle permettra à d’autres de sortir de l’engrenage de la violence.

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