Édito

La liberté d’expression ne se divise pas

La liberté d’expression ne se divise pas
La venue à Genève du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour fait des vagues. KEYSTONE
Présidentielle française

La future venue du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour à Genève continue de faire des vagues. Une discussion avec l’avocat Marc Bonnant est en effet prévue le 24 novembre. Une pétition signée par plus de 1500 personnes et une lettre ouverte demandent l’interdiction de la rencontre. De fait, la Ville de Genève a annoncé, qu’effectivement, Eric Zemmour n’était pas le bienvenu à Genève. Elle a notamment expliqué dimanche soir dans l’émission Forum qu’elle refusait de mettre à disposition une des salles municipales susceptibles d’accueillir le meeting.

Alors, oui, Eric Zemmour est un détestable personnage. Misogyne, raciste – il a été condamné dans le passé notamment pour provocation à la discrimination raciale–, glissant vers une pensée de type maurassien… N’en jetez plus la coupe est pleine. Faut-il pour autant l’interdire?

Pour les signataires de la pétition et de la lettre ouverte, on peut admettre qu’ils et elles sont dans leur rôle pour exprimer le dégoût que leur inspire cette figure d’extrême droite que même Marine Le Pen trouve excessive. La situation est plus complexe pour la Ville. Celle-ci a déjà été condamnée en 2009 pour avoir bloqué, avec les mêmes arguments, l’accès de l’humoriste antisémite Dieudonné à des équipements publics. Le Tribunal fédéral y avait vu une entrave à la liberté d’expression.

On remarquera que la preuve par l’acte n’a pas tardé. Sur les ondes de la radio, un peu poussée au crime il est vrai, l’actuelle maire de Genève a dérapé. Et si Philippe Poutou – candidat du Nouveau Parti anticapitaliste – qui a pu défendre la séquestration de certains patrons voyous venait à Genève? On examinera le cas avec la même sévérité, a promis Frédérique Perler. Le piège se referme. Sur celles et ceux qui ont besoin de la protection de la loi, les plus faibles, le peuple de gauche; de leur côté, les figures de la pensée antidémocratique comme Eric Zemmour pourront toujours compter sur la complaisance d’un patronat complice, à l’image de Vincent Bolloré qui transforme son empire médiatique en chambre de résonance de l’extrême droite.

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