Enfin une réforme de l’aide sociale genevoise
C’est peu dire que la réforme de l’aide sociale était attendue. Le Conseil d’État genevois, en la personne de Thierry Apothéloz, défend avec l’avant-projet de loi sur «l’aide sociale et la précarité» un changement de philosophie à saluer.
Exit la Liasi de l’ancien magistrat de droite François Longchamp. Cette réforme qui date d’il y a près de quinze ans a montré ses limites: réinsérer coûte que coûte, en partant de l’idée que les bénéficiaires doivent être fliqué·es pour éviter de se complaire à l’aide sociale, ne fonctionne pas. Ce principe, qui ne colle pas avec la réalité vécue par les personnes dans la précarité, a aussi guidé les réformes du chômage et de l’assurance invalidité au niveau fédéral. L’un dans l’autre, le résultat est, à Genève, une catastrophe sociale et financière, puisque le nombre de dossiers à l’Hospice général a quasiment doublé en dix ans.
Thierry Apothéloz fait un pari inverse: investir dans l’aide sociale, tenir compte des situations individuelles, soigner l’accompagnement, investir dans la formation, améliorer le quotidien des bénéficiaires coûtera peut- être plus cher dans un premier temps, mais fera économiser des centaines de millions de francs dans plusieurs années et, surtout, sera bénéfique sur un plan humain et social.
Si cette philosophie est juste, on peut craindre que le projet manque toutefois d’ambition pour donner de véritables résultats. A voir, déjà, si celle affichée résistera au processus de consultation puis à la moulinette du parlement genvois, de droite rappelons-le…