Édito

Belles paroles et vrais enjeux

Belles paroles et vrais enjeux
Il est inutile de fonder de trop grands espoirs de changements sur cette COP 26. KEYSTONE
COP 26

Depuis lundi et pour douze jours, les travaux de la COP26 (Conférence des Nations unies de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques ou 26e Conférence des parties, d’où son acronyme) se tiennent en Ecosse. Inutile d’y mettre de trop gros espoirs, malgré l’évidente urgence environnementale. Les changements systémiques nécessaires pour éviter un basculement climatique sont trop importants. Celles et ceux qui incarnent les rapports de production à la base de cette crise ne sont tout simplement pas outillé·es pour assumer la rupture indispensable si l’on veut éviter la catastrophe.

De fait, depuis 1992 et le sommet de Rio qui marqua la claire entrée de l’environnement comme enjeu géopolitique sinon principal, du moins majeur, on ne peut pas dire que les réponses aient été à la hauteur des enjeux. Aujourd’hui que la crise climatique frappe à notre porte avec certains événements climatiques extrêmes – inondations en Allemagne, feux aux Etats-Unis, progression des sécheresses, etc. –, les réponses mises en avant visent surtout à préserver les privilèges de quelques-un·es.

On observe ainsi une foi aveugle dans le progrès technique censé nous tirer d’affaire, occultant de manière commode la dérive productiviste qui nous a conduits dans cette impasse. Pis. On observe l’émergence de nouveaux marchés. La crise climatique transformée en marchandise et donc source de profits. Là réside le génie et la plasticité du capitalisme. Ainsi en est-il des certificats d’émissions de carbone qui permettent à la fois de faire tourner à plein régime la machine financière et d’éluder le problème des pollutions causées par nos modes de production.

Ce qui ne veut pas dire que rien ne peut être retiré de ce sommet. Il est l’occasion de faire le point sur la gravité de la crise, d’avoir des données faisant l’objet d’un consensus scientifique afin de mettre ensuite les tenants du système actuel devant leurs contradictions.

Pour prendre le cas de la Suisse – balayons devant notre porte –, il s’agit ainsi d’œuvrer pour que les émissions de CO2 générées par notre industrie bancaire soit intégrées dans notre bilan carbone national afin que cette pollution «grise» soit clairement prise en compte. Ce qui représente un multiple de vingt de notre production de gaz à effet de serre. Et cela, c’est le mouvement social qui l’imposera, pas la politique institutionnelle qui a déjà montré ses limites sur ces questions lors la défunte loi sur le CO2.

Opinions Édito Philippe Bach COP 26

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