Quel avenir pour le «Striketober»?
«Striketober», un néologisme créé par la contraction du mot strike (grève) et october (octobre). Les Etats-Unis enregistrent depuis le début du mois une série de grèves inhabituelles. Un nouveau mouvement social semble s’être mis en marche. Quelque 10’000 travailleur·euses du fabriquant de tracteur John Deere ont ainsi posé leurs outils la semaine passée. Des mouvements de débrayage ont lieu dans des entreprises comme Kellogg’s et 31’000 employés du groupe de santé Kaiser Permanente ont voté la grève.
Au-delà de ces mouvements sociaux encadrés par des syndicats institutionnels, une grève à basse intensité est aussi en train d’émerger. L’économie étasunienne est bâtie sur la précarité, une protection sociale faible et une législation largement favorable aux employeurs. Reste qu’à l’heure de la reprise économique post-pandémie, les soutiers de l’économie – les travailleur·euses sur appel, les emplois temporaires et autres employé·es indispensables pour faire tourner la machine – refusent tout simplement de réintégrer les jobs au rabais qui leur sont proposés. Ou les quittent. Selon des chiffres du Bureau fédéral des statistiques du travail, quelque 4,3 millions de personnes ont quitté leur emploi au mois d’août1>CounterPunch, «Why Record Numbers of Workers are quitting and Striking», 18 octobre 2021. .
La droite républicaine y voit la confirmation que les allocations chômage et aides d’urgence sont trop généreuses et œuvre encore à les réduire. Une constante dans cette famille réactionnaire où l’on vilipende volontiers l’Etat mais où on l’appelle à son secours pour casser les syndicats et les actions collectives. Ce néolibéralisme sectaire butte sur une réalité: les Etats qui ont notamment maintenu les aides d’urgences sont aussi ceux où le retour en emploi est le plus marqué2>CounterPunch, «The Great Strike of 2021», 13 octobre 2021..
C’est donc un fondamental de l’économie qui a rattrapé les adeptes de la religion séculaire des marchés: la force des combats collectifs est plus importante qu’il n’y paraît. Et la pandémie a aussi montré que les géants économiques avaient des pieds d’argile: la délocalisation a bloqué et continue de le faire des pans entiers de la chaîne de production. De quoi donner des ailes à certain·es.
Notes