A cinq voix près…
Il n’a manqué que cinq voix, malgré le ralliement d’une partie du Centre, à une série de motions des formations de gauche. Par 97 non contre 92 soutiens, le Conseil national a refusé une participation de la Suisse au «Mécanisme de solidarité européen». Un dispositif proposé par le HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) qui aurait vu la Suisse accueillir un pourcentage minimal (2%) de survivant·es recueilli·es à bord de chaque bateau d’ONG. Avec aussi un volet visant à décharger les pays côtiers qui se retrouvent, un peu seuls, en première ligne pour gérer cette crise.
Il s’est évidemment trouvé une multitude de bonnes et, surtout, de mauvaises raisons pour enterrer le projet. La Suisse aide déjà les pays côtiers, a martelé la ministre Karin Keller-Sutter. Et le mécanisme proposé serait controversé. «Il n’a pas eu le succès escompté.»
Bref, il est urgent de ne rien faire. Consternant. En attendant, la Méditerranée prend des allures de cimetière marin. Vingt-deux mille morts depuis 2014. Si toutes ces personnes avaient réussi la traversée, avec le quota proposé de 2%, cela aurait représenté 62 réfugié·es par an. Gageons que nos centres d’accueil n’auraient pas été débordés.
A cela, le Conseil fédéral oppose la politique des petits pas. Ce même mardi, l’extrême droite a annoncé de quoi ce consensus pourrait être fait. Le droit d’asile devrait être réécrit et réservé aux crises dans les Etats voisins uniquement. Un discours udéciste qui n’était pas de mise lors de la guerre en ex-Yougoslavie. Et il ferait beau voir que des Afghan·es fuyant les talibans viennent chercher refuge chez nous.
Face à un tel cynisme, on aurait été en droit d’attendre une vision un peu plus sérieuse de la droite qui revendique volontiers l’étiquette humaniste.