Édito

11 septembre, l’heure d’un bilan

11 septembre, l’heure d’un bilan
Les images du 11 septembre 2001, avec le spectacle des tours jumelles du World Trade Center en feu, ont choqué le monde entier. KEYSTONE
Afghanistan

Ce samedi, cela fera vingt ans que tombaient les deux tours du World Trade Center de Manhattan. Un des attentats les plus meurtriers de l’histoire. Cet anniversaire entre sinistrement en collision avec le retrait piteux des Etats-Unis d’Afghanistan et l’ouverture des procès en France des attentats du 13 novembre 2015.

D’un point de vue historique, cet événement illustre les ruptures entre les temps longs de l’histoire et les temps courts. Comme la chute du mur de Berlin, le retrait – déjà – des Etats-Unis du Vietnam ou les révoltes de 1968. Vingt ans après, l’anniversaire de cette date invite au bilan.

Les invasions subséquentes de l’Afghanistan et de l’Irak s’inscrivent dans une hégémonie étasunienne sur le déclin. Ou, en tous les cas, dont la puissance était ébranlée. Le 11 septembre a été l’occasion pour les tenants de l’impérialisme américain – les faucons – d’avancer leurs pions et de réaffirmer leur volonté d’empire. Deux décennies plus tard, on mesure les limites de cette volonté impérialiste. La première armée du monde a été humiliée par les talibans. Et l’attaque de l’Irak, en violation des normes du droit international, a mis toute la région à feu et à sang.

Daesh est l’enfant de cette volonté d’imposer par la force une vision du monde. Cette débâcle étasunienne est presque pire que celle de l’Afghanistan. Et désormais, le djihadisme essaime dans le monde, particulièrement en Afrique. Pour l’heure, ce sont les populations locales qui paient le prix du sang de cet aveuglement. Les attentats de 2015 – Charlie Hebdo, le stade de France, le Bataclan, les terrasses mitraillées –, pour traumatisants qu’ils soient, pèsent de peu de poids par rapport aux drames vécus par les habitant·es des régions en guerre ou livrées à des bandes armées.

La tentation est forte de se dire que cette fois la leçon aura porté. Mais on se doute bien que le retrait d’Afghanistan n’empêchera nullement une nouvelle invasion sous conduite étasunienne demain. Le basculement du centre du système-monde capitaliste vers une périphérie émergente se passe rarement de manière pacifique.

Le risque est d’autant plus grand que d’autres contraintes viennent brouiller ces dynamiques si bien décrites par Fernand Braudel ou Immanuel Wallerstein: la finitude du monde et les limites posées par l’impératif climatique impliquent une reconfiguration du cycle capitaliste, elles viennent brouiller les cartes et rendre encore plus instable l’équilibre mondial.

Face à ces risques, l’affirmation de valeurs pacifistes – on n’impose pas la démocratie par la guerre – doit plus que jamais rester une boussole qu’il convient de revendiquer avec force et sans se laisser intimider par les avocats de l’ordre impérialiste.

Opinions Édito Philippe Bach Afghanistan

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