Édito

Sortir d’un récit national suranné

Sortir d'un récit national suranné
Jonas Kampus, du GSSA, détruit une maquette du F-35, mardi 31 août, à l'occasion du lancement de l'initiative contre le projet d'achat de 36 avions de combat du constructeur étasunien Lockheed Martin. KEYSTONE
Avions de combat

L’initiative est lancée. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et les partis de gauche ont présenté mardi leur initiative contre le projet d’achat de trente-six avions de combat F-35 du constructeur étasunien Lockheed Martin. Une manière de tenter de remonter la pente après l’approbation en septembre 2020 par une courte majorité des Suissesses et des Suisses du principe de l’acquisition de ce coûteux équipement.

Car le peuple a voté la tête dans un sac. Maintenant que le type d’avion est choisi – et que les coûts annoncés montrent que les dépenses pourraient bien prendre l’ascenseur –, la donne a un peu changé. Mais c’était tout le sens de la roublarde manœuvre.

Le texte lancé mardi prévoit que «la Confédération n’achète pas d’avions de combat de type F-35». C’est peut-être une faiblesse de la démarche. Un autre type d’engins, par exemple européen, serait-il davantage souhaitable? Et un tel choix doit-il être porté par la gauche alors que l’on peut aussi espérer de cette dernière une posture résolument pacifiste?

Le réformisme a ses limites. Effectivement. Mais l’initiative présentée est sans doute la seule voie pour bloquer ce douteux et inutile projet. Et il ne faut guère se faire d’illusions. Le lobby militaire veut ses avions, il reviendra à la charge autant de fois qu’il le faudra et un combat de longue haleine attend celles et ceux qui s’y opposent.

C’est que ces avions de combat ne sont pas juste un joujou de plus pour l’armée. Ils incarnent aussi une certaine vision que la Suisse a d’elle-même. Dans son texte Suisse sans armée? Un palabre, Max Frisch met en scène un dialogue entre un vétéran de la Mob et son petit-fils. Un avion de chasse les survole. «Ça, c’est nous», résume-t-il dans une distanciation amusée. L’enjeu, de taille, de cette initiative, c’est aussi de sortir d’un certain récit national suranné.

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