Édito

Pour une mobilité durable

Pour une mobilité durable
Le réseau du Léman Express est salué quant à son apport à la mobilité du Genevois. JPDS/ARCHIVES
Léman Express

Un bilan après dix-huit mois d’exploitation. L’Association transports et environnement (ATE) a audité les gares genevoises du Léman Express. Avec un satisfecit – globalement, ce réseau est salué quant à son apport à la mobilité du Genevois – tout en pointant certains ratés – l’ergonomie des gares n’est pas optimale, notamment pour les personnes à mobilité réduite.

On se doute qu’un équipement de cette envergure requiert un temps de rodage. Certains défauts de jeunesse pourront peut-être être corrigés. D’autres pas. Une leçon pour l’avenir: parfois, il faut savoir taper du poing sur la table face à une technocratie fédérale pas toujours ouverte à la discussion. Les problèmes à la gare du Pont-Rouge – les cheminements vers les lieux d’embarquement TPG sont peu opportuns – auraient sans doute pu être évités. D’autres relèvent du politique: l’absence de bancs dans ces infrastructures est voulue, elle s’inscrit dans la si discutable chasse aux sans-abri.

Cette projection dans l’avenir doit toutefois être complétée. Genève a des décennies de retard en matière de transports sur rail. Le Léman Express ne doit être qu’une branche d’un réseau digne de ce nom. Des occasions ont été ratées. Pour des raisons multiples. Au niveau suisse, Genève est vu comme un cul-de-sac ferroviaire, alors qu’elle est au centre d’une région. Du coup, dans un passé récent, il a fallu batailler pour n’obtenir que la minimaliste liaison avec l’aéroport (et encore, sans boucle de rebroussement vers Nyon). De son côté, la cité de Calvin s’est toujours vue comme pôle automobilistique. Cela n’a pas aidé. Enfin, la frontière constitue un puissant obstacle à la concertation régionale face au centralisme français.

En attendant, les retards s’accumulent. Les autorités fédérales n’ont admis qu’à contrecœur la nécessité d’agrandir la gare de Cornavin en souterrain plutôt que de raser le sud du quartier des Grottes au bulldozer. Le déclassement des Cherpines aurait mérité un rattachement au réseau RER. Le projet de prolongement du tram vers Saint-Julien est insuffisant en terme de débit et de vitesse commerciale.

Ces manques sont d’autant plus criants qu’on voit bien qu’avec la crise climatique, il va falloir œuvrer de manière volontariste pour faire évoluer nos mobilités. Les échéances ne sont compatibles ni avec les enjeux environnementaux ni avec les urgences urbanistiques d’un canton qui étouffe sous une circulation où l’automobile est encore hégémonique.

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