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A quand le financement de la fécondation in vitro (FIV) par la LAMAL ?

À votre santé!

En 2016 en votation populaire, la Suisse acceptait une modification de la loi sur la procréation médicalement assistée en permettant entre autres la congélation de douze ovocytes au maximum et leur conservation pour une durée maximum de dix ans. C’était une avancée importante même si par ailleurs cette loi reste assez restrictive. Mais c’est un autre débat. Ce nouveau cadre légal permet de garder les ovocytes prélevés et de les réimplanter un à la fois, évitant ainsi des grossesses multiples dont on sait qu’elles sont à plus haut risque en particulier d’échec précoce mais aussi de naissance prématurée avec toutes les complications que cela peut entraîner. D’ailleurs, depuis lors, le taux de naissances multiples a baissé de 15,9% à 6,1% sur les quelque 2000 accouchements après une FIV et le taux de réussite est passé de 32 à 37%.

Doit-on rappeler que la procréation médicalement assistée (PMA) dont fait partie la FIV reste un parcours médical compliqué pour un couple mais en particulier pour les femmes. Pourtant cela devient de plus en plus un problème sociétal, dans la mesure où l’infertilité est plus fréquente que ce que l’on ose avouer. Et même si, quand on parle de FIV, on pense plutôt à une infertilité féminine, la réalité est autre: dans 30% des cas elle est exclusivement masculine et 20% des cas exclusivement féminine. Dans encore plus de 20% des cas on ne trouve pas d’explication claire et dans encore 30% c’est la combinaison de facteurs qui en est responsable. En Suisse cela touche près de 1 couple sur 6 actuellement et des recherches sont en cours pour en comprendre mieux les causes. On sait que des perturbateurs endocriniens, comme certains pesticides, sont incriminés, en particulier dans l’infertilité masculine, mais aussi l’âge maternel, la fertilité diminuant beaucoup après 37-38 ans (tout en augmentant le risque de fausse-couche).

Mais il reste encore beaucoup d’inconnues pour expliquer cette diminution de la fertilité sur les dernières décennies. Il est aujourd’hui démontré que l’infertilité combine en général plusieurs facteurs, ce qui rend sa prévention encore difficile. L’Organisation mondiale de la santé définit l’infertilité comme l’absence de grossesse après douze mois d’essai, et à ce titre la reconnaît comme une maladie. Dès lors, cela ne doit plus être un tabou, et faire un bilan auprès de spécialistes est important. Cela permet de trouver la meilleure réponse. La fécondation in vitro en est une, mais il existe aussi des traitements plus simples, parfois totalement adaptés. Mais, même chez des couples jeunes, l’évaluation peut montrer que seule la FIV permettra une grossesse. Or, elle n’est toujours pas remboursée par la LAMAL et chaque tentative coûte actuellement quelque 10 000 francs; il faut, en moyenne, trois tentatives pour espérer voir naître un enfant! C’est évidemment hors de prix pour une bonne partie de la population qui y renonce. Ou va se faire traiter à l’étranger, ce qui est par ailleurs tout sauf simple. Chacun qui aura eu dans son entourage un couple ayant vécu cette expérience pourrait en témoigner.

Toutes les maladies ont un coût et, éthiquement, il est difficilement acceptable que le prix soit le facteur limitant, surtout dans un pays où l’assurance est socialisée et obligatoire comme chez nous. De plus, pour l’infertilité, il existe des traitements qui sont bien établis et dont les chances de succès sont importantes. Cela justifie en soi les remboursements par l’assurance de base.

Depuis deux ans, différentes interventions parlementaires ont été déposées à Berne ou dans des cantons à ce sujet: il est temps d’y répondre et si une autorité politique cantonale veut financer un projet pilote pour faire avancer cette question c’est un bon signe politique, mais c’est bien au final un problème sécurologique qui doit avoir une réponse fédérale.

Opinions Chroniques Bernard Borel A votre santé!

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lundi 8 janvier 2018

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