On nous écrit

Une démocratie moribonde

Pierre Aguet observe et commente les résultats des dernières élections régionales et départementales françaises.
Elections françaises

Les glaciers disparaissent. Les forêts du Canada et de Sibérie brûlent avec le même entrain que celles des pays du sud… Les élections régionales françaises illustrent un nouvel effondrement: la démocratie. La République en marche, qui a réussi à mettre son leader à l’Élysée, n’a enregistré des soutiens que de 2% des citoyen·nes ce 27 juin 2021. Deux Français·ses sur trois refusent ce piège à cons. Les jeunes sont quatre sur cinq à refuser de participer à cette démocratie moribonde. Les animateurs des partis politiques sont décrédibilisés. En Suisse, ce n’est pas vraiment mieux. Nous sommes très systématiquement en dessous de 50% à nous rendre aux urnes. Faut-il aller chercher le salut dans les «démocraties» à parti unique ou dans les dictatures «éclairées»?

Le peuple français a largement abandonné gauche et droite au profit d’un Macron qui reniait cette confrontation classique. Après s’être rendu compte qu’il avait élu le président des riches, il a «produit» les gilets jaunes dont ceux qui prétendaient s’exprimer en leur nom étaient reniés: «Ne parlez pas au nom du peuple, car ça ressemble trop à la démocratie que l’on rejette». Ce 33% n’est que le 3e acte de cette décomposition. Les partis politiques ne sont plus des associations de citoyens et citoyennes qui réfléchissent aux affaires publiques. Ils ne sont que des machines à promouvoir des candidats. Leurs cadres se déconnectent de la base qu’ils regardent avec hauteur.

Souvenez-vous. Dans les années soixante, il y avait un nombre important de clubs politiques qui se regroupaient pour imaginer un autre avenir pour la France. Tous ou presque ont rejoint le PS de Mitterrand qui a su les fédérer en reconnaissant des tendances et leurs leaders. La formule «tous pareils» avait disparu des conversations.

Chez nous, il n’y a guère eu que Domaine public qui ait suivit cette façon de faire. A l’heure de sa disparition, il m’est agréable de lui rendre hommage. Au niveau vaudois, dans le PS, cette émulation existait encore avec des groupes comme le Garza ou le groupe d’Yverdon. C’est bien à cette époque que le PSV a fait ses meilleurs scores et que pour la première fois, nous avons eu un Conseil d’Etat de gauche. Le drame des partis vient du fait que trop de leaders veulent contrôler tout et tous. Que les forces militantes et les milliers de compétences sont étouffées.

Pierre Aguet,
Lausanne

Opinions On nous écrit Votre lettre Elections françaises

Connexion