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L’après 13 juin

Paul Sautebin estime que les problèmes de fond n’ont pas été abordés lors de la campagne pour l’initiative contre les pesticides et pour la loi sur le CO2.
Agriculture

La question agro-alimentaire est devenue essentielle dans le contexte de crise globale que nous traversons: pandémie, climat, migration, environnement, biodiversité. Dans un productivisme et consumérisme à tout va, la nourriture reprend toute sa place, car notre approvisionnement et la santé publique ne semblent plus assurés ici et ailleurs.

Comme on l’a vu dans la campagne en vue des votations du 13 juin, des questions sous-jacentes aux initiatives n’ont pas été abordées, en particulier celle des marchés libéralisés qui étranglent quotidiennement les paysannes et paysans et qui provoquent in fine la disparition de mille exploitations chaque année.

Initiative phyto ou pas, la branche agricole est toujours mise en danger par la loi de la concurrence. Ces questions ont été quelque peu biaisées par les initiateurs: les Verts, le PS et les ONG environnementales. Ils chargent l’agriculture de normes environnementales, mais sans dénoncer ce dispositif économique prédateur. D’autre part, on a clamé à coups d’affichage des menaces sur l’approvisionnement, la montée des prix, le gaspillage, plus d’importations, des pertes d’emploi, etc. alors que la concurrence industrielle et commerciale génèrent un gaspillage alimentaire de milliards de francs et des tonnes de CO2, détruit des emplois, fait baisser les prix agricoles, en n’oubliant que la Suisse exporte une bonne part son fromage, lait en poudre et autres.

Par conséquent il est impératif que les paysannes et paysans se réorganisent pour assurer leur autonomie en s’émancipant de l’agro-industrie qui chapeaute l’agriculture et la politique agricole. Une alliance avec les mouvements sociétaux, environnementaux, climatiques va de soi et peut s’articuler autour la souveraineté alimentaire. Parce que cette dernière s’inscrit dans un mouvement de lutte pour l’extension de la démocratie, s’adresse aux institutions, vient donner à la société les moyens de faire des choix en termes de politique agricole, de santé publique et d’environnement. Un de ces moyens est la régulation des marchés nationaux afin de s’affranchir de la concurrence mondiale. Comme on l’a vu avec la pandémie, les Etats se voient obligés d’intervenir. Les sociétés ne peuvent pas faire dépendre leur avenir des lois du marché.

Paul Sautebin,
ancien président d’Uniterre JU-JB

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