L’aide aux médias déjà menacée
Ce vendredi, le parlement fédéral devrait procéder au vote final de la loi sur l’aide aux médias1>Vendredi matin, le parlement a adopté le train de mesures par 114 voix contre 76 et 6 abstentions, et par 28 voix contre 10 et 6 abstentions. Un dispositif visant à préserver la diversité des titres et, partant, la vivacité du débat démocratique. Avec deux axes: une extension de l’aide à la distribution et un soutien à la mutation électronique. Un paquet pesant quelque 178 millions de francs.
Las. Cela est déjà trop pour la partie la plus droitière des Chambres. Le vote n’est pas acquis et, surtout, un référendum est d’ores et déjà en préparation. Avec l’accusation d’une étatisation de l’information. Un peu piquant quand, dans la foulée, on voit l’UDC – les plus vibrionnants des référendaires proviennent de ses rangs – annoncer de futures initiatives pour mettre au pas la RTS vue comme un nid de gauchistes. On est prié de ne pas pouffer… Un de ses textes prévoit que les journalistes du service public soient engagé·es en fonction de leur encartage, pardon, de leur sensibilité politique. On n’est plus très loin de l’URSS où la carte du parti était exigée…
Au-delà de ce populisme antidémocratique, se cachent surtout des intérêts économiques. Les grands groupes de presse – TX Group, Ringier, NZZ – se livrent une féroce bataille industrielle. Il y a des parts de marchés à prendre. Y compris sur le service public. A garder à l’esprit si le référendum annoncé, pour l’heure uniquement en Suisse alémanique, aboutit. Ce qui semble probable, selon Médias Suisse, la faîtière des éditeurs, grands et petits. Entre l’UDC, une partie des PLR qui auront tiré la leçon de leur décalage par rapport à une base pas toujours rétive au populisme (on l’a vu ce week-end sur la loi sur le CO2) et des milieux volontiers sinon complotistes, du moins coronasceptiques, le débat va être compliqué.
D’où l’intérêt de garder ces éléments à l’esprit. Là où l’on agitera l’épouvantail d’un Etat totalitaire, on aura plutôt des intérêts économiques à la manœuvre. On l’a vu durant les discussions à Berne. Officiellement, les grands groupes soutenaient le paquet. En sous-main, ils ont savonné la planche. Ils n’ont aucune envie de voir des concurrents, fussent-ils petits, leur prendre quelques parts de marché. Eux ont déjà mené à bon port une bonne partie de leur mutation électronique. En essorant leurs vaches à lait, puis en jetant ces titres, par exemple Le Matin, une fois la pulpe financière extraite. Voir d’autres, plus fragiles, faire de même avec une aide publique révulse leur soif de rendement qui est la seule boussole qui les guide.
Notes