Édito

L’autonomie par l’égalité

L’autonomie par l’égalité
Les femmes se sont largement mobilisées. A 15h19, heure symbolique à laquelle les femmes cessent d’être payées par rapport aux hommes, des actions se sont déroulées à travers toute la Suisse. KEYSTONE
14 juin

Trente ans après la première grève des femmes, elles ont de nouveau occupé les rues de Suisse ce lundi. Avec des revendications anciennes toujours aussi actuelles: égalité salariale, équité au niveau des rentes et accès à des places en crèche. Mais avec de nouvelles également, portées en particulier par la jeune génération qui, en ce 14 juin, a fait vibrer les cortèges d’une formidable énergie. Exigeant le respect de l’intégrité physique et morale de chacune.

Autant de revendications élémentaires qui ne se concrétisent toujours pas. Pire. Certaines disparités se sont accrues. Le rendez-vous dans l’après-midi symbolisant le moment où les femmes travaillent gratuitement du fait des inégalités de salaires a même eu lieu cinq minutes plus tôt, signe que l’écart se creuse… C’est que les logiques qui président à ces injustices sont lourdes de pesanteur.

Il n’est pas un hasard que la Grève pour l’avenir ait appelé à la participation de ses sympathisant·es aux actions de lundi. Une même logique réunit le creusement des inégalités de genres, entre le Nord et le Sud et la surexploitation des énergies fossiles.

Les femmes et les minorités souffrent le plus des crises, qu’elles soient climatiques, sanitaires ou financières. Ce sont sur elles que l’on compte pour pallier les effets délétères de ces moments d’effondrement. On les a vu·es, ces soutier·ères de l’économie domestique venir chercher leur sac de biens de première nécessité. On a avalé de travers lorsque l’Etat a tenté de se refaire sur les salaires du personnel soignant dont on sait qu’il est en majorité féminin et souvent immigré.

La question est bien politique. Il s’agit de rompre avec des modèles de sociétés qui sont fondés sur ces logiques d’exploitation et de domination. Et cela passera forcément par une remise en question de certains privilèges et mécanismes délétères.

Le potentiel de rupture de ce constat est considérable. On ne s’étonnera pas que les dominant·es feront tout pour conserver leurs prébendes. Une constante dans l’histoire. Mais nul besoin de se laisser impressionner. Certes, cela nécessitera une détermination certaine. Et une convergence des luttes. L’autonomie individuelle de chacune et de chacun, la dignité partagée, un bien beau projet.

Opinions Édito Philippe Bach 14 juin

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14 juin 2021: toutes égales en droit et en salaire

vendredi 11 juin 2021
La mobilisation se poursuit lundi 14 juin 2021, trente ans après la première grève féministe. Pour cette édition, l'accent porte sur l'inégalité salariale entre femmes et hommes, et sur les retraites.

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