D’autres oubliés de la Cité de la musique
Dans le grand débat légitime qui agite Genève et ses habitants, mais aussi plus largement le vaste monde de la musique et de ses acteurs bien au-delà de la commune de Genève-Ville, plusieurs acteurs importants ont été oubliés: on a trop peu entendu parler d’un des fleurons historiques et très réel de notre cité.
Qui, hormis ceux qui l’ont créé et ceux qui l’ont fréquenté par la suite et jusqu’à aujourd’hui, se souvient encore de la naissance du Centre de musique ancienne en 1971, sous l’égide des visionnaires d’alors nommés Chiara Banchini, Ariane Maurette, Gabriel Garrido ou Claude Bonzon pour ne citer qu’eux parmi tant d’autres. Devenu depuis lors le Département de musique ancienne (DMA) filière professionnalisante de la Haute Ecole de musique de Genève (HEMGE), il représente pour la Suisse le deuxième pôle mondialement connu pour la formation et les recherches en musique ancienne, rôle qu’il partage avec la très réputée Schola Cantorum Basiliensis créée à Bâle sous l’égide de Paul Sacher au milieu du XXe siècle. On le voit, ce département, dans le débat passionné qui anime le monde musical genevois autour de l’éventuelle future «Cité de la Musique», mérite une place de choix qui, malheureusement, est trop rarement mise en évidence par les tenants de ce projet.
Rappelons que bon nombre de pédagogues réputés soulignent l’importance historique et formatrice de l’étude et de la pratique «historiquement informée» des musiques du passé formant une partie de la trame de l’ensemble des musiques qui s’étudient et se pratiquent actuellement. Le corps enseignant du DMA est constitué de grands professionnels issus du renouveau de l’intérêt pour la musique ancienne et sa pratique, qui s’est développé principalement à partir des années 1960-70 en Allemagne et en Hollande. Accueillant des grands noms de la scène actuelle de la musique ancienne, il permet aux étudiants d’aujourd’hui d’accéder au cœur de l’excellence de cette connaissance et de cette pratique, que la section Musicologie de l’Université de Genève ne cesse d’enrichir par ses recherches. Rendons hommage à cette longue histoire abritée dans nos murs en la mettant en lumière dans un moment si crucial.
ANDRÉ-MARC HUWYLER, Genève