Édito

Climat: retour de la question sociale

Climat: retour de la question sociale
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Grève pour l'avenir

Le climat revient au centre de l’actualité. La Grève pour l’avenir poursuit sous une autre appellation la mobilisation initiée par le mouvement climatique. Avec une nouveauté: ce vendredi voit une convergence entre les activistes mobilisé·es contre l’effet de serre, le mouvement syndical et la grève féministe.

Une rencontre logique, dans la mesure où la rupture avec la croissance mortifère, la globalisation capitaliste et la folie des échanges marchands absurdes doit se faire dans un cadre qui, lui aussi, rompt avec le creusement des inégalités. Un fossé qui s’est encore approfondi durant l’épisode Covid qui n’a pas échappé à une loi d’airain: les crises sont propices à une concentration de l’outil de ­production.

A défaut, c’est aux revenus modestes que la facture sera présentée. A celles et ceux qui ont déjà de la peine à joindre les deux bouts, pour qui fin de mois rime avec découvert. En les culpabilisant pour leur consommation. Et en mettant en place une fiscalité antisociale – la TVA par exemple – en lieu et place d’un impôt clairement redistributeur des richesses.

A cette redistribution à l’envers, il convient d’opposer une société égalitaire qui ménage le temps libre, le partage le travail pour mieux assumer ­pleinement les tâches du Care et, partant, renforce l’autonomie de toutes et de tous face au grignotage de tous les espaces de vie.

Le retour de la question sociale dans ce débat doit donc être lu dans un souci de cohérence et de radicalité. A défaut, les énergies mises en branle par les jeunes grévistes du climat peuvent rapidement faire l’objet de récupérations marchandes. Chaque banque a déjà son fonds de placement vert. On nous vend une mobilité individuelle motorisée électrique au lieu d’encourager la mobilité douce et les transports collectifs. La digitalisation de nos économies se révèle être pour le moins vorace en énergie. Et la prise en charge des enfants et des aînés est devenue un vaste marché.

Nul besoin de tomber dans ce piège. D’ailleurs, nous n’avons pas le choix. L’avenir sera plus frugal, moins vorace en matières premières ou en énergie ou il ne sera pas. C’est aussi simple que cela. La barbarie climatique point, il n’est pas possible d’y répondre par une fuite en avant. La rupture systémique doit se faire collectivement, démocratiquement et donc dans un souci de justice sociale. Une question aussi vieille que le mouvement ouvrier. Elle est juste formulée en des termes plus contemporains et davantage en phase avec les réalités du XXIe siècle. Quoi de plus ­enthousiasmant?

Opinions Édito Philippe Bach Grève pour l'avenir

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Grève pour l'avenir

lundi 10 mai 2021
Economique, sociale, scientifique, médiatique, la lutte pour la transition écologique aspire à fédérer les luttes sociales. La «Grève pour l’avenir» a lieu le 21 mai 2021.  

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