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Où sont les crèches?

«La première clé de l’égalité est la possibilité de concilier la vie familiale et professionnelle», estime Martine Sumi-Viret, qui pointe le manque de structures d’accueil de la petite enfance dans de nombreuses communes genevoises.
Genève

En 1987, le canton de Genève se dotait du premier «Bureau de l’égalité des droits entre homme et femme» en Suisse. En 2021, G’Evolue, le nouveau projet de réforme du système d’évaluation et de rémunération de l’Etat de Genève, place en tête de ses principes et objectifs celui de prévenir toute discrimination salariale directe ou indirecte, donc de faire respecter le principe de l’égalité inscrit le 14 juin 1981 dans la Constitution suisse.

Hélas, et c’est accablant, la délégation du Conseil d’Etat à G’Evolue – Mmes Nathalie Fontanet et Anne Emery-Torracinta, ainsi que M. Mauro Poggia – n’entreprend rien pour que les familles qui le souhaitent aient accès de façon équitable, sur l’ensemble du canton de Genève, à une place en crèche pour leurs enfants afin de pouvoir simplement continuer de travailler.

Le 30 mars 2021, l’Observatoire cantonal de la petite enfance publiait que l’offre d’accueil collectif dans les crèches représente 34 places pour 100 enfants d’âge préscolaire à l’échelle du canton. L’angoisse est immense pour tous les autres parents, pour qui la pénurie endémique et l’inégalité béante de chance d’accès suivant la commune habitée ont anéanti tout espoir d’obtenir une place dans une crèche. L’inégalité est particulièrement crasse non seulement entre les familles et les communes mais aussi pour les enfants qui de fait ont droit ou pas à un encadrement pédagogique stable et professionnel.

Malgré

• l’article 200 sur l’accueil préscolaire de la Constitution genevoise du 14 octobre 2012 qui énonce que «l’offre de places d’accueil de jour pour les enfants en âge préscolaire est adaptée aux besoins»;

• l’article 201 qui rappelle que «le canton et les communes organisent l’accueil préscolaire, évaluent les besoins, planifient, coordonnent et favorisent la création de places d’accueil»;

• l’article 203 qui affirme que «le canton et les communes encouragent la création et l’exploitation de structures d’accueil»;

le Conseil d’Etat discrimine les familles en ne mettant pas tout en œuvre pour que le cadre constitutionnel ne soit pas une coquille vide, inutile, en particulier du fait que de nombreuses communes sont encore totalement dépourvues de toute structure d’accueil pour la petite enfance et qu’aucune ne soit en capacité de répondre aux besoins réels des familles.

Notre invitée est une ancienne membre du Groupe Parents Petite-Enfance, ancienne conseillère municipale Ville de Genève.

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