L’arrosé arrose!
L’article «Les écoles invitées à lever le pied» paru dans Le Courrier du 2 mars et celui du 25 mars «La fronde des directeurs des collèges» m’ont interpellé.
Par ailleurs, dans son émission «Genève à chaud», Pascal Descaillet, jamais à court de critiques sur l’Etat et ses serviteurs, avait déjà mis en lumière le malaise des directeurs de collège. Ces derniers se plaignent d’être maltraités et peu entendus par leur hiérarchie. Faute d’en savoir plus. il est difficile d’avoir un avis pertinent sur le sujet.
Mais, il se trouve que ceux-là mêmes qui se plaignent fonctionnent de la même manière envers le personnel enseignant. Sans concertation, des décisions sont imposées et elles posent bien des questions.
Face aux difficultés rencontrées avec la pandémie, les normes de passage en juin de l’année passée ont été revues à la baisse avec comme conséquence très peu de redoublements et des classes avec davantage d’élèves en difficulté cette année. En début d’année scolaire, quatre semaines ont été consacrées à des rattrapages. Le virus jouant les prolongations, les perturbations continuent. Mais le corps enseignant, comme d’autres membres du personnel de l’Etat, a fait en sorte que les conséquences de cette situation soient les plus minimes possibles. Cela demande un travail important de leur part ainsi que pour les élèves. Et voilà qu’apparaît «Mars contre-attaque». Ce programme culturel et ludique proposé aux élèves par le DIP sans avoir demandé l’avis du corps enseignant est annoncé début mars pour fin mars. Les décideurs en haut-lieu ne savent-ils pas que l’enseignement se planifie et que le temps est compté, surtout cette année?
Suite logique, les directeurs prennent la décision, toujours sans concertation avec les premiers concernés, d’alléger les épreuves de fin d’année, examens de maturité compris: «C’est pourquoi des mesures d’allègement sont proposées, mesures qui, tout en maintenant le niveau d’exigence et les contenus du plan d’étude, amèneront une réduction de la quantité de matière à réviser en fin d’année.» (message des directeurs du 23 mars adressé au corps enseignant et aux parents). Faire la même chose avec moins en quelque sorte! Beau discours managérial…
Les difficultés sont réelles mais que penser des solutions de facilité qui ont été prises et qui discréditent le sérieux de la formation. Il aurait fallu mettre en place des dispositifs, en partenariat avec le corps enseignant, comme par exemple prévoir des appuis importants durant l’année et améliorer les conditions d’étude pour les élèves et les conditions d’enseignement pour les maîtres. Ah, mais cela coûte! Depuis de nombreuses années, le coût par élève a diminué, résultat d’une politique du moins d’Etat suivie par la majorité de droite du Grand Conseil qui, par exemple, n’a pas voulu augmenter les moyens du DIP en fonction de l’augmentation du nombre d’élèves.
Henri Magnenat,
retraité du DIP, Genève