On nous écrit

L’école de la vie

Marielle Kunz adresse un message d’encouragement aux jeunes qui se sont trouvés en dernière année du secondaire II durant le confinement.
Education

A l’aune du 8 juin, dernière étape de sortie du confinement, les élèves du secondaire II reprendront le chemin des salles de cours, avec pour la plupart d’entre eux, une fin d’étude sans examens de maturité.
Dès lors, doit-on se préparer à entendre ressasser la vieille litanie qu’«une matu sans examen n’est pas une vraie matu?» Entre le soulagement de la suppression des examens et le dépit d’une arrivée sans podium, ces élèves devront-ils expérimenter encore une fois la culpabilité?

Celle de ne pas être des «vrais» pour ne pas avoir souffert sur l’autel de la méritocratie des examens, que certains bien-pensants s’obstinent à brandir comme le graal de l’accomplissement suprême.
Or, comme à mon époque on définissait la maturité d’une personne à son aptitude à réfléchir par elle-même ou à sa capacité à faire des choix autonomes et responsables, je me permets de penser que ces soit disant «demi élèves» ont appris bien plus durant ces dernières semaines, que quelques théorèmes de maths qu’ils oublieront aussitôt.

Ils ont découvert les ordonnances fédérales et ils ont suivi des conférences de presse interminables. Ils ont révisé leurs manuels de biologie, expérimenté dans la réalité les algorithmes, les statistiques, les différentes courbes étudiées en cours. Ils ont appris l’humilité face à la science et, surtout, ils ont fait preuve de résilience. De la résilience il leur en faudra, car ils achèvent leurs études secondaires avec un avenir incertain, des projets de voyage avortés, des petits jobs annulés et autant d’illusions perdues.

Alors, osons reconnaitre que si ces fameux examens ont dû être annulés, c’est bien à cause de nous. Car nous leur avons laissé un monde gangréné par notre égoïsme dans lequel nous leur avons appris à se servir et à consommer de tout, un écosystème déséquilibré par notre inconscience créant un virus capable de terrasser une économie mondiale et, surtout, la lourde tâche de combler une énorme dette et de remettre de l’ordre dans ce chaos.

Ainsi, plutôt que nous focaliser sur ce qui aurait dû être, changeons plutôt de paradigme et encourageons ces jeunes que je trouve plutôt méritants. Souhaitons-leur de garder l’optimisme et la persévérance dont ils ont fait preuve durant ce confinement, car nous auront bien besoin de leur discernement durant les années qui viennent.

Faisons preuve de modestie à leur égard et apprenons-leur que la maturité est le fruit d’une démarche responsable. Ainsi, dans la perspective de ce 8 juin prochain, je vous enjoins à bouger ensemble quelques-unes de nos lignes en pensant tout simplement à leur avenir.

Marielle Kunz,
Genève

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