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Un parking, de très gros sous, mais pas pour nous (la Ville)!

Le projet de parking Clé-de-Rive soumis aux urnes le 7 mars est problématique à plusieurs niveaux, et notamment sur le plan financier, estime Omar Azzabi, coprésident des Vert·e·s Ville de Genève.
Genève

Le 7 mars prochain, les citoyen·ne·s de la Ville de Genève décideront de l’avenir de leur centre-ville. Le vote porte sur l’objet suivant: un projet de parking privé souterrain de six niveaux, avec 498 places pour voitures et 388 places pour deux-roues motorisés, contre la piétonisation en surface pour un coût annoncé à 34 millions de francs pour le/la contribuable! Passons rapidement sur les sept parkings alentour rarement pleins et aux taux d’occupation constamment en baisse.

La zone piétonne prévue, dite «continue» de l’esplanade du Musée d’art et d’histoire jusqu’au bord du lac, sera en fait entrecoupée par six axes motorisés – du passage d’ayants droit à des routes à six voies! Ensuite, la société Clé de Rive SA a dévoilé l’identité des actionnaires du projet à un mois seulement du référendum 1>«Clé-de-Rive est un cadeau gigantesque», interview du promoteur Fabrice Broto, Tribune de Genève, 8 février 2021., alors que les élu·e·s de la Ville avaient posé la question depuis plus de dix ans en commission, puis en séance du Conseil municipal.

Enfin, les administrateurs de l’entreprise en question usent de pressions abusives, en menaçant déjà la Ville de plaintes pour dommages et intérêts en cas de défaite en votation populaire le 7 mars.

Est-ce vraiment juste de donner les clés de Rive à un promoteur privé qui ne joue pas le jeu des urnes et dont on ne connaît même pas le visage?

Prêt à tout, le promoteur joue sur le prix des places de stationnement, quitte à trahir la vérité en promettant la «quasi-gratuité» aux habitant·e·s – places en ouvrage au prix du macaron, soit 55 centimes par jour et par place sur l’année, du jamais vu à Genève – à la dernière minute, alors qu’il n’a rien lâché pendant dix ans de discussion. Ce sont là des promesses bien évanescentes.

Le montage financier de ce projet pose aussi de sérieuses questions. La rentabilité annoncée, à savoir 640 millions de francs de profit sur 65 ans pour le promoteur, suppose un taux maximal de remplissage jamais vu dans les parkings alentour ces dernières années, sachant que la tendance est à la baisse. Partant, les gains de la Ville, annoncés à 169 millions (pourcentage sur le chiffre d’affaires de Clé-de-Rive SA), deviennent dès lors de la théorie pure.

Ce sont près de 1,25 million par an (les 498 places supprimées en surface) qui doivent être soustraits du total, ramenant ses gains à 88 millions sur 65 ans, donc un peu plus d’un million par an (1,35 mio précisément), soit à peine plus que les horodateurs.

Tout cet argent vaudrait en tout cas plus que la santé des habitant·e·s du centre-ville, où la pollution ne diminuera pas, même après les années de nuisances liées aux travaux que subiront le quartier et ses commerçant·e·s. Seules les grandes enseignes américaines déjà implantées y survivront. Ce n’est pas le centre-ville dont nous rêvons. Avant de glisser votre bulletin dans l’urne le 7 mars prochain, souvenez-vous que ce parking «inutile, incohérent et mal ficelé» est un projet d’un autre siècle et votez «non» aux «crédits de 34 130 500 francs pour aménagement Clé-de-Rive».

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