Dégringolade
L’affaire Maudet n’a pas accouché d’une souris sur le plan pénal. La présidente du Tribunal de police de Genève a mis un terme au suspense en rendant son verdict, lundi en fin de journée. Pierre Maudet est coupable d’avoir accepté un avantage indu en se rendant à Abu Dhabi aux frais de la Couronne. Selon la juge, il savait que le but des deux entrepreneurs ayant permis le voyage était de l’influencer dans l’exercice de sa fonction. Et peu importe si lui-même se sentait incorruptible.
Sa faute est «importante», car, comme conseiller d’Etat, il se devait d’être irréprochable, tance la juge. Or, ajoute-t-elle, à part regretter son mensonge et ses conséquences sur ses coaccusés, Pierre Maudet fait preuve d’une absence de prise de conscience de ses actes et sa collaboration durant l’enquête a été mauvaise. Enfin, Pierre Maudet n’a pas agi dans l’intérêt du développement de Genève, mais par «facilité», car son voyage était pour l’essentiel privé.
Moindre que demandée par le procureur, sa peine reste lourde: 300 jours-amende avec sursis. Mais le contraste est saisissant avec la réaction du condamné et celle de ses avocats, qui feront appel. Car la défense insiste sur le «reliquat d’accusations» qui demeure, puisque l’acceptation d’un avantage a été écartée concernant le financement d’un sondage en vue d’une campagne de Pierre Maudet. De fait, le criant manque légal d’encadrement dans le financement des campagnes a permis cet acquittement ainsi que le classement du volet Manotel de l’affaire.
Toutefois, en campagne, Maudet.com ne peut pas, juste avec des mots ou la promesse de développements judiciaires ultérieurs, effacer sa condamnation de son CV de magistrat et de candidat à sa réélection. Depuis près de trois ans que dure l’affaire, on a vu l’image de l’ancien chouchou de la République se noircir à mesure des révélations. La justice de première instance a confirmé ce sombre tableau.
Car ce qui restera de ce procès, c’est ce jeu d’influence entre un conseiller d’Etat et un entrepreneur cherchant à favoriser ses affaires. Ressortent aussi les passe-droits d’un ami de Pierre Maudet qui les obtient de l’ex-chef de cabinet du conseiller d’Etat, un fonctionnement érigé en «système», selon la juge. Ces pratiques antirépublicaines et choquantes sapent la confiance dans l’administration et les autorités. Le contraste est encore une fois saisissant avec l’intitulé de la liste électorale de Pierre Maudet: «libertés et justice sociale».
L’homme compte sur le peuple pour l’absoudre dans les urnes. Au vu de ses casseroles et de la division de la droite, cela revient à gravir l’Himalaya en pleine tempête.