Édito

Le virus nous dit merci

Le virus nous dit merci
Une fiole de vaccin Moderna contre le Covid-19. Image d'illustration. Keystone
Covid-19

Un an après son apparition, le nouveau coronavirus ne nous a guère changés. La pandémie a beau avoir bouleversé nos vies, nos économies, notre projection dans l’avenir, les fondamentaux de l’économie capitaliste restent, eux, résolument intacts. Lundi, Oxfam publiait un rapport sans surprise, montrant que si la plupart des habitantes et des habitants de la planète ont pris le tsunami du Covid-19 en pleine figure, les grandes fortunes ont, elles, surfé sans mal sur les vagues pandémiques. Même confronté à une crise de cette ampleur, le monde est apparu incapable de se réformer, de changer les règles pour venir en aide aux plus faibles en rognant chez les plus ventripotents. Voilà qui présage mal de la réponse qui sera apportée au péril écologique.

Car le constat est encore plus funeste: même l’impératif d’éradiquer le Covid-19 avant que ses multiples mutations ne le rendent potentiellement insaisissable n’a pu convaincre les Etats du Nord de toucher au pouvoir absolu de leurs entreprises pharmaceutiques, pourtant abreuvées de fonds publics depuis des mois. Décidés à protéger coûte que coûte brevets, savoir-faire et autonomie des multinationales qu’ils hébergent, la Suisse et consorts ont, de fait, bridé la production de vaccins et organisé une pénurie dont eux-mêmes souffrent actuellement. Pour le plus grand bonheur d’entreprises pour qui la disette est gage de profitabilité – un précepte enseigné dans toute «bonne» université.

Problématique en Europe, la pénurie devient carrément catastrophique lorsque l’on regarde plus au Sud. Devant l’accaparement des doses vaccinales – produites et à produire – par les pays riches, le mécanisme international Covax sera très certainement dans l’impossibilité de remplir son maigre objectif pour 2021 de fournir des vaccins pour 20% des habitants des 92 pays les plus pauvres.

«Personne ne sera à l’abri tant que tout le monde n’est pas protégé», ne cesse pourtant de répéter l’Organisation mondiale de la santé. Or, à ce rythme, les seuls qui seront mis à l’abri, ce sont les profits de Pfizer, Moderna, AstraZeneca et autre Johnson & Johnson.

Opinions Édito Benito Perez Covid-19

Autour de l'article

Vaccins: casser le monopole

lundi 25 janvier 2021 Benito Perez
En laissant à la pharma le contrôle des vaccins, le monde se prive d’une diffusion rapide et équitable. Or une pandémie nécessite une réponse globale, rappelle Patrick Durisch, de Public Eye, qui...

Connexion