Édito

Ne pas opposer les besoins

Ne pas opposer les besoins
JPDS
Crise sanitaire

Travailleurs pressurisés, précarisés, uberisés: ils étaient quelques-uns à témoigner publiquement, avec courage et détermination, ce samedi à Genève, en dépit d’une certaine indifférence politique et médiatique. Derrière ces visages, ils sont des centaines de milliers d’anonymes dans le même cas, aujourd’hui, dans notre pays. Les images de longues files de personnes venant chercher un cabas alimentaire avaient fait le tour du monde au printemps. Et depuis? C’est pire.

Pourtant, la seule réponse tangible des autorités genevoises ce week-end aura été une démonstration de force. Ajouter de la violence policière à la violence sociale, voilà qui était sans doute essentiel pour ne pas risquer de gêner la frénésie consumériste qui avait cours au même moment dans le centre-ville, à quelques pas de là. Les magasins étaient même ouverts ce dimanche, en contradiction avec les recommandations du Conseil fédéral et les mises en garde réitérées de la task force dédiée au Covid-19. Comment expliquer autrement que des centaines de «commerçants» aient pu défiler, il y a un mois, sans autorisation, sans masques, sans respect des distances physiques, mais sous l’œil bienveillant des forces de l’ordre?

En prenant le risque d’opposer les besoins entre travailleurs à temps partiel, précaires, avec des contrats atypiques, en RHT, artistes, indépendants, temporaires, petits commerçants, bistrotiers, personnes sans statut légal, etc., les autorités mettent en péril la cohésion de l’ensemble. Or il ne s’agit pas de les opposer, mais de les considérer tous. La casse sociale en cours, à grande échelle, se répercutera durablement sur la société. Elle est inacceptable dans un pays aussi riche que le nôtre qui aurait eu dix fois l’occasion d’instituer une taxe corona pour redistribuer une partie des richesses accumulées; car oui, certains s’enrichissent durant la crise. Puissent nos autorités se réveiller. Ce qui n’est pas dépensé maintenant se payera cash au centuple demain.

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