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APRÈS UNE VOTATION MÉMORABLE

Initiative

Madeleine et Jean-Luc Crisinel doutent de l’efficacité du contre-projet à l’initiative pour des multinationales responsables. Il y a un pays de l’Est européen que nous connaissons un peu (nous y avons des amis depuis plusieurs décennies) et qui est cher à notre cœur, dans lequel une multinationale œuvrant dans l’exploitation minière (il ne s’agit pas de Glencore) a causé d’importants dégâts à l’environnement (et quelques dégâts sociaux collatéraux). Lorsqu’il y a eu des élections, un certain nombre de candidats ont manifesté leur intention, s’ils étaient élus, de faire en sorte que la licence d’exploitation soit retirée (il y avait eu des manifestations dans ce sens à de nombreux endroits). Ils ont été élus et rien ne s’est passé; lorsque des journalistes les ont interrogés, ils ont répondu non sans cynisme: «Ils s’agissait de propos de campagne électorale. Maintenant on est passé aux choses sérieuses»! Nos politiciens ne sont sans doute ni cyniques, ni menteurs. Mais un trou de mémoire est vite arrivé. Nous aimerions donc leur rappeler une affirmation souvent entendue dans la bouche des adversaires de l’initiative pour des multinationales responsables: «L’objectif est louable, mais les moyens pour y parvenir ne sont pas les bons.» C e c i s o u s – e n t e n d a n t q u e l e contre-projet des Chambres fédérales permettrait d’arriver aux mêmes résultats par des moyens plus adéquats. Nous estimons que ces propos engagent ceux qui les ont tenus. Dès lors nous souhaiterions leur poser une question: «Vous admettez la nécessité de faire en sorte que les multinationales ne puissent dévaster des régions entières, tant sur le plan écologique que sur celui des droits humains. Que ferez-vous si, à l’usage, il s’avère que le contre-projet a pour seul effet d’imposer aux multinationales… de reconsidérer la mise en page de leurs rapports?» Et on nous permettra encore une question à la société Glencore: «Au soir de la votation, votre porte-parole a fait part du soulagement de l’entreprise devant le résultat, mais ajoutait que, de toute manière, celle-ci n’avait rien à se reprocher. Alors pourquoi n’avez-vous pas soutenu une initiative qui pouvait vous blanchir et faire taire les propos malveillants tenus à votre endroit?»

MADELEINE ET JEAN-LUC CRISINEL, Lutry (VD)

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