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Précieuse démocratie

Précieuse démocratie
Le nouveau président bolivien Luis Arce a officiellement pris ses fonctions dimanche 8 novembre 2020. KEYSTONE
Élections

Un nouveau président progressiste qui remplace un pouvoir ultraconservateur et raciste malgré l’agitation de milices d’extrême droite et de fausses allégations de fraude électorale: dimanche, le Bolivien «Lucho» Arce a été institué président de son pays dans le silence gêné de la dite «communauté internationale». Des médias et chancelleries occidentales qui s’étaient empressés, il y a un an, de légaliser le coup d’Etat subi par son prédécesseur socialiste Evo Morales, sous prétexte d’une fraude jamais avérée.

Les yeux rivés sur les Etats-Unis, les défenseurs de la démocratie célèbrent, depuis samedi, la victoire non encore officielle de Joe Biden à la présidentielle de la superpuissance, rivalisant de compliments envers la démocratie étasunienne et le suffrage responsable de sa majorité votante. Nous partageons cette joie: la défaite de Donald Trump inflige un recul à nul autre pareil à l’internationale réactionnaire qui se répand autour du globe, des Philippines au Brésil, en passant par l’Inde, la Turquie, la Pologne, la Colombie et, jusqu’à il y a peu, la Bolivie et les Etats-Unis. Quoi que l’on pense du très probable futur locataire de la Maison Blanche, démocrate à la très discrète fibre sociale, la chute de Donald Trump ne peut que redonner espoir à ceux qui ne se résignent pas à voir le nationalisme, l’individualisme, les discriminations, le négationnisme climatique et la fortune diriger le monde.

L’arrivée de Joe Biden est en particulier une bonne nouvelle pour les Nations Unies et le multilatéralisme. Notamment pour l’Unesco, l’Organisation mondiale de la santé ou l’Accord de Paris, tous boycottés par le président sortant.

Plus largement, on souhaiterait que l’arrivée de M. Biden soit aussi l’annonce de relations internationales plus apaisées, basées sur la réciprocité et le respect de l’autodétermination des peuples. Le passé n’invite pourtant pas à l’optimisme. L’homme, spécialiste depuis quarante ans des questions internationales, était une des rares personnalités du Parti démocrate favorables à l’invasion de l’Irak en 2003. Devenu vice-président, il a couvert les coups d’Etat au Honduras et au Paraguay et des opérations de déstabilisation au Venezuela et en Equateur.

Effrayés depuis des mois par les menées antidémocratiques de Donald Trump, les démocrates étasuniens peuvent à raison se réjouir que leur système électoral ait, pour l’instant, résisté aux pressions. Puissent-ils offrir le même cadeau au monde, en cessant d’interférer partout où des candidats ou des élus ne leur conviennent pas. 

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